Rachid Mokhtari, l'écrivain et journaliste, qui a signé de nombreux ouvrages autour des chanteurs de l'exil, à l'exemple de Slimane Azem, Allaoua Zerrouki chantent Si Mohand Umhand, vient de signer, Les disques d'or du chef d'orchestre, Amraoui Missoum. A cette occasion, l'établissement Arts et Culture de la wilaya d'Alger, a organisé, hier, une rencontre avec l'écrivain pour rendre hommage à cette figure incontournable de la chanson de l'exil de la deuxième génération issue de l'émigration. Ce nouvel ouvrage est comme les anciens, notamment Cheikh El Hasnaoui, qui sont consacrés à la vie et à l'œuvre de ces auteurs brillants ayant souvent évolué dans le même contexte sociopolitque, s'étaient connu, et s'étaient mutuellement aidés en terre française, ou il était ardent de vivre et de s'exprimer quand on était maghrébin. Ces chanteurs, compositeurs et paroliers -Missoum, Slimane Azem, Akli Yahiatèn Igherbouchène, El Hasnaoui…ont eu pratiquement le même parcours social et, artistique. Dans ces ouvrages et, notamment dans ce nouveau document qu'il a présenté hier à la presse, Rachid Mokhtari reconstitue la vie et explore du point de vue linguistique les œuvres de ces références ayant bouleversé, autour des années 40 et 50, le champ musical algérien. Missoum tout comme ses compères est né à la Casbah, fait des petits boulots, émigré en France, chanté dans les cafés des faubourgs… Rachid Mokhtari a toujours eu à faire une distinction entre l'émigration et l'exil. Deux phénomènes qui, selon lui, ne diffèrent pas en apparence " mais, en profondeur, les deux concepts sont tout à fait contradictoires ". Pour lui "l'exil est le versant émotionnel de l'émigration". Et dans la chanson kabyle, cela apparaît très clairement. Les chanteurs ayant marqué les années 1950, 1960 et même 1970 ont tous chanté l'exil, L'ghorva et Rachid Mokhtari signe là, son quatrième livre sur les chansons et les chanteurs de l'exil. Né en 1921 à la Casbah qui fut le giron de la musique chaâbie, Amraoui Missoum a grandi dans la misère, a exercé tous les métiers de l'indigénat, cireur, garçon de café... Les études coraniques qu'il entama dès 1936 à Sidi M'hamed-Cherif dévoilèrent rapidement ses capacités vocales ainsi que l'amour grandissant qu'il éprouvait pour la chanson. Sa passion pour la chose artistique le lia aux différentes activités culturelles telles que le théâtre, notamment dans la troupe de Mahieddine Bachtarzi. Sa rencontre avec le professeur Triki le guida dans le droit chemin. Le jeune Missoum apprendra aux côtés de Triki les bases de la musique orientale. Vers 1947, il débarqua en France, où il se lia avec tous les jeunes artistes algériens et maghrébins d'expression arabe et kabyle dont Saloua, Dahmane El Harrachi, Mohand Saïd Ou Belaïd, Akli Yahiatène, Taleb Rabah, Touraya... Dans les cafés, il chantait les souffrances de sa patrie occupée et assurait des galas au profit du PPA-MTLD, ce qui lui valut l'emprisonnement à Serkadji. Amraoui Missoum corrigeait, écrivait et arrangeait tous les textes et toutes les musiques de ses jeunes talents qui lui doivent, dans la majorité des cas, leur réussite. L'apport de Amraoui Missoum est surtout dans l'émergence de la chanson féminine. Les Saloua, H'nifa, Bahia Farah, Aït Farida... furent toutes ses produits tant il était une véritable école.