Le Fonds monétaire international vient de publier un rapport sur la stabilité financière dans le monde. Le verdict de l'institution multilatérale est sans appel : " Malgré l'application de mesures de grande envergure, le système financier mondial continue d'être durement éprouvé. Qui plus est, la dégradation de la conjoncture économique entraîne de fortes dépréciations au sein des institutions financières ". Selon le FMI les pertes des banques et les dépréciations d'actifs sont estimées à quelque 2.200 milliards de dollars. En octobre, celles-ci s'élevaient à 1.400 milliards de dollars, soit un bond de 57,1 % entre les deux dates. Le coupable est toujours le même : les produits financiers risqués, aujourd'hui décriés pour leur toxicité. Ils comprennent pour l'essentiel des dérivés complexes de crédit échangés de gré à gré sur des marchés dérégulés. Adossés sous une forme ou une autre aux prêts hypothécaires à risque américains, ils étaient très prisés par nombre de représentants de l'industrie financière, comme la défunte banque d'affaires américaine Lehman Brothers. Leur prix, fixé en temps réel sur le marché (" mark to market ") a conduit, une fois l'effondrement boursier entamé, à une détérioration sans précédent des bilans des banques les plus exposées. La dévalorisation des bilans reflète aussi l'affaiblissement du coeur de l'activité bancaire, les prêts, soulignant ainsi l'ampleur de la récession à venir. " Le redressement de l'économie ne pourra avoir lieu qu'une fois le bilan des institutions bancaires consolidés ", a insisté Olivier Blanchard, chef économiste du FMI, lors d'une conférence de presse. Le FMI a précisé à la presse que "plus de la moitié" de ces pertes provenait d'actifs adossés à des créances hypothécaires, dont la valeur s'est effondrée avec la crise du marché immobilier américain. "En se projetant dans l'avenir, les banques vont avoir besoin d'encore plus de capital, leurs pertes prévues continuant à augmenter", a poursuivi le FMI. "Pour les banques européennes et américaines (en incluant leur exposition à des actifs non seulement américains, mais aussi européens et des marchés émergents), nos prévisions de dépréciations (...) devraient aboutir à une pénurie de capital de l'ordre d'au moins 500 milliards de dollars". Selon le Fonds, "cela implique que pour les banques américaines et européennes prises dans leur ensemble un tel montant d'argent frais sera nécessaire pour seulement empêcher une nouvelle détérioration de leurs fonds propres". "En outre, des mesures énergiques pour nettoyer le bilan des banques des actifs à problèmes seront nécessaires pour élever le niveau de confiance dans le système bancaire", a estimé le FMI. Aussi, selon le fonds, la reprise économique doit passer par le rétablissement de la fonctionnalité et de la confiance du secteur financier. " Les pouvoirs publics et les opérateurs devront cependant agir de façon plus volontariste pour que le processus nécessaire d'inversion du levier soit moins perturbateur ", est-il noté. Le Fonds est favorable à un nouveau soutien des finances publiques pour restaurer cette confiance. "Nous pensons qu'à ce stade, des mesures plus déterminées sont nécessaires, à travers une approche intégrée qui inclurait des provisions de liquidités, des injections de capital et une élimination des actifs à problèmes. Et chacune de ces trois composantes est essentielle", a plaidé devant la presse l'économiste en chef du FMI, Olivier Blanchard. Synthèse Isma B.