La récente publication, par le gouvernement algérien, d'une liste de 359 médicaments d'usage courant interdits à l'importation redonne une dimension stratégique à l'industrie pharmaceutique du pays. Le marché algérien des médicaments (2,5 milliards d'USD par an) croît, en effet, de presque 20% chaque année. Le marché national du médicament a connu une forte croissance entre 2004 et 2007. Il a atteint un volume de 450 millions d'unités de vente (boites) et 1,7 milliard de dollars en valeur. Cette tendance va en s'amplifiant durant la période 2007-2015, avec des rythmes annuels moyens en valeur de +19,76%, pour atteindre un volume de 7,1 milliards de dollars en 2015 et en quantité +5,75%, avec un total de 703 millions d'unités de vente. La décision du gouvernement d'interdire l'importation de 359 médicaments courants fait donc de facto de la production en Algérie, en particulier du générique, un enjeu stratégique qui intéresse notamment des entreprises européennes, brésiliennes ou américaines. A noter qu'il y a une liste additive en instance de finalisation qui concerne des médicaments fabriqués localement et dont les besoins sont couverts totalement ou partiellement par la production nationale. Cette interdiction a pour objectif le développement de la production nationale en vue de sécuriser les approvisionnements du pays en produits pharmaceutiques. L'Algérie dépend à 70% de l'étranger en matière de médicaments et cherche également à réduire sa facture d'importation qui est passée de 500 millions de dollars en 2000, à 1,8 milliard de dollars en 2008. Cette facture augmente de 20 à 30% par an. L'Algérie vise donc à travers cette action à réduire la facture d'importation, à promouvoir la production locale, à créer des postes d'emploi et à assurer un transfert de technologie pour certains produits spécifiques. Selon l'Union nationale des opérateurs pharmaceutiques (Unop), les 40 entreprises du secteur disposent d'unités ne produisant qu'à 30% de leurs capacités. Par ailleurs, le ministère de la Santé a pris de nouvelles mesures pour l'importation des médicaments, en exigeant des opérateurs nationaux et étrangers désirant commercialiser leurs produits en Algérie des investissements dans la production. Parmi ces entreprises, le groupe de produits pharmaceutiques Saidal, numéro un algérien du secteur, va investir 250 millions de dollars d'ici à 2015, dans le développement de 7 unités de production, chacune spécialisée dans la production d'un produit précis. A l'instar des autres laboratoires, le groupe Saidal recherche des partenaires financiers et technologiques. La part de marché du groupe en 2015, sera de 57% en quantité (soit 398 millions d'unités de vente) et de 34% en valeur, soit 2,4 milliards dollars. Ainsi, le marché national du médicament devrait atteindre une valeur de 8 milliards de dollars en 2015. Nassima B