Le workshop international, qui a rassemblé à Constantine, du 26 au 28 janvier 2009, des urbanistes internationaux, a lancé les jalons d'une réflexion sur la modernisation de l'antique Cirta, jugée impérative mais devant préserver son identité historique. Lors de la synthèse des travaux de ce forum d'experts algériens et internationaux, M. Rachid Sidi Boumediene, universitaire, a relevé que la modernisation de Constantine invite désormais les spécialistes à réfléchir sur deux axes essentiels : "la définition du projet de ville que l'on veut" et la perception de cette mutation urbaine "comme un moyen et une chance de sauvegarder l'identité historique de la ville et de son patrimoine". Les spécialistes ont relevé notamment que Constantine a enregistré depuis l'indépendance "le taux d'urbanisation le plus fort, tout en perdant progressivement l'attractivité qui faisait son dynamisme et sa prospérité". Ils ont aussi noté "toute la difficulté" que rencontrent les concepteurs pour aboutir à un "consensus minimal" devant permettre de contourner différents types de contraintes consécutives à des "séries successives de dégradations qui ont atteint l'essence même de l'urbanisme de Constantine et gravement compromis un héritage matériel et immatériel des plus exceptionnels". Faire en sorte que Constantine n'ait pas seulement un passé, aussi éclatant soit-il, mais également un avenir, "devrait (nous) amener à inscrire notre projet de ville dans la perspective d'une réconciliation symbolique" entre la préservation d'un patrimoine chargé d'Histoire "et les nécessités d'une modernisation, rendue urgente, ne serait-ce que par le poids de la pression démographique", selon l'approche largement développée au cours de ce workshop. Des observateurs ont estimé que "le workshop international a répondu à l'essentiel des attentes, en ce sens que sa démarche consiste, précisément, à faire de la modernisation de Constantine, l'affaire de tous, et non pas seulement celle des décideurs". Pour M. Azzedine Bentorki, professeur d'économie à l'université Mentouri de Constantine, "la modernisation d'une cité de l'importance de Constantine était depuis longtemps une nécessité" et répond à "des impératifs qui se posent en terme de chômage, d'habitat, de transport, de santé, de loisirs et de qualité de la vie". Il en a déduit que la modernisation n'implique pas seulement les urbanistes, mais appelle aussi à "la libération des énergies les plus enfouies de la société, dans un espace conçu pour tirer la quintessence de toutes les activités humaines". Les experts internationaux, qui ont eu l'occasion de rencontrer des acteurs locaux et des opérateurs économiques, ont également recommandé, lors des travaux du workshop, d'exploiter selon les critères les plus compétitifs le potentiel touristique exceptionnel que recèle le site de Constantine. Une telle option "sera plus à même de consolider la vocation de capitale régionale de Constantine dont le futur développement devra lui rendre ses fonctions de centralité qui lui imposeront d'être attractive, de produire de la qualité à toutes les échelles et de recouvrer pleinement son patrimoine", a-t-on conclu dans la synthèse des débats et des ateliers de cette rencontre. Les enregistrements sonores et audiovisuels opérés durant les trois jours de ce workshop serviront à élaborer un "proceeding" qui aidera les chercheurs et les acteurs, impliqués dans les grands projets de modernisation de Constantine, à poursuivre leur travail "sans rupture, entre le terrain et la réflexion", selon un membre du cabinet du wali de Constantine. En clôturant les travaux de ce forum d'experts, le chef de l'exécutif de wilaya, M. Abdelmalek Boudiaf, a annoncé que d'autres rencontres de cette envergure seront organisées dans un proche avenir. Il a ajouté que le but recherché par l'association de chercheurs et d'universitaires, "n'est pas de légitimer des choix, mais de se donner les moyens de répondre au mieux aux nécessités pressantes, ainsi qu'aux demandes latentes des usagers de la ville". R.T