Le marché pétrolier reste déprimé par l'accumulation des signes de dégradation de l'économie, qui s'est traduite en 2008 par la première contraction de la demande d'or noir dans le monde depuis 25 ans, un mouvement qui pourrait s'amplifier cette année, selon de nombreux analystes. "Rien à court terme n'indique que la demande va rebondir", a averti Phil Flynn, d'Alaron Trading. Selon lui, "la seule chose qui empêche les prix de chuter, ce sont des chiffres qui montrent que l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole, ndlr) a réduit sa production d'un million de barils par jour (mbj) le mois dernier". Ce constat vient ainsi confirmer les propos du ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, qui a estimé que la réduction de la production décidée par l'Opep le 17 décembre, de 2,2 millions de barils/jour (mbj) avait été efficace, ajoutant que sans elle "aujourd'hui le baril serait à 20 dollars". De la capitale péruvienne, Lima, où il a effectué une visite du 1er au 4 février, le ministre a souligné que la demande mondiale de brut va baisser de 200.000 barils/jour en 2009 par rapport à 2008. Une baisse de la demande mondiale de cet ordre pourrait pousser l'Opep à décider une nouvelle réduction de sa production. M. Khelil a ainsi estimé qu'il y a "50% de probabilités" que l'Opep réduise son offre lors de sa réunion du 15 mars. Rappelant que la crise a fait chuter la demande mondiale et le cours du brut, qui oscille actuellement entre 40 et 50 dollars, contre un record de 147,27 dollars le 11 juillet 2008, M. Khelil a jugé qu'un prix de 70 à 80 dollars serait un bon équilibre pour les producteurs comme pour les consommateurs. "A un prix inférieur, les compagnies pétrolières pourraient renoncer à leurs projets de nouvelles productions", a- t-il dit, citant en particulier le cas de Shell. Cela ferait baisser la production, et une fois que la demande repartira, l'offre ne sera pas là et les prix s'envoleront a-t-il ajouté. Dans ce contexte, il a précisé que "la position de l'Opep est de maintenir un prix raisonnable. Pour nous, entre 70 et 80 dollars serait un prix raisonnable. C'est un prix qui permet le développement de nouvelles technologies". Très embarrassé par l'effondrement des cours du pétrole (-72% en six mois), son secrétaire général de l'opep a jugé "trop bas" un prix du baril à 50 dollars, l'Organisation a réduit depuis septembre son offre de 4,2 millions de barils par jour, avec comme objectif un prix de 75 dollars le baril à la fin de l'année. Actuellement les cours se stabilisent dans la fourchette de 40/45 dollars. Dans les échanges matinaux d'hier, le baril de "light sweet crude" pour livraison en mars cotait 41,05 dollars alors que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars était lui à 44,39 dollars. Avec cette configuration du marché, il est donc fort probable que lors de sa prochaine réunion, le 15 mars à Vienne, l'Opep envisage une nouvelle baisse de sa production. Selon une source de l'Organisation, citée par l'agence Reuters, "si les cours ne décollent pas avant la réunion, l'Opep pourrait réfléchir à un retrait du marché de l'ordre d'un millions de barils par jour".