Les cours des métaux précieux se sont propulsés cette semaine à de nouveaux sommets depuis plus d'un an, l'or en particulier se réinstallant au-dessus de la barre symbolique des 1000 dollars, grâce à l'appétit retrouvé des investisseurs et à la glissade du dollar. L'or est repassé mardi au-dessus de la barre symbolique des 1000 dollars l'once. Il s'est même rapproché à courte portée de son record de tous les temps à 1032,70 dollars, qu'il avait atteint le 17 mars 2008, se hissant vendredi jusqu'à un plus haut en cours de séance de 1011,95 dollars. Selon les experts, l'or a profité de la dégringolade du billet vert sur le marché des changes, redescendu cette semaine à 1,46 dollar pour 1 euro, son plus faible niveau depuis neuf mois. Une dépréciation couplée à un regain d'appétit des investisseurs, qui voient dans l'or un moyen d'amortir une éventuelle remontée des pressions inflationnistes. La baisse du dollar encourage généralement les achats de matières premières libellées dans cette monnaie, comme l'or, par les investisseurs munis d'autres devises. "Tout nouvel accès de faiblesse du dollar devrait aider l'or à se maintenir", a commenté vendredi John Reade, de la banque UBS. Mais il a mis en garde contre l'accumulation des "positions spéculatives" sur le marché new-yorkais Comex. Si les investisseurs semblent se ruer à nouveau sur le roi des métaux, la demande d'or "physique", c'est-à-dire les achats en vue d'un usage dans l'industrie ou la bijouterie, et non comme placement financier, reste largement déprimés par la crise économique, malgré les signes de reprise un peu partout dans le monde. Témoignant de l'appétit des investisseurs, selon M. Reade, les avoirs combinés des neufs principaux fonds indiciels cotés ("ETF" en anglais) spécialisés dans l'or se rapprochent à grands pas de leur sommet historique: ils atteignaient jeudi 54,4 millions d'onces, contre un record de 54,7 millions. Sur le London Bullion Market, l'once d'or valait 1008,25 dollars vendredi au fixing du soir, contre 989 dollars vendredi dernier. L'argent a lui aussi bondit jusqu'à 16,99 dollars l'once vendredi, un nouveau pic depuis août 2008, il y a plus d'un an. "Une forte demande des investisseurs, couplée à l'anticipation d'une reprise de la demande industrielle ont continué à soutenir" les cours du métal gris, ont résumé les analystes de Barclays Capital. L'once d'argent a fini vendredi à 16,89 dollars, contre 15,95 dollars une semaine plus tôt. Les prix des métaux platinoïdes (platine et palladium) n'ont pas été en reste, encouragés par l'envolée des autres métaux précieux. Ceux du platine ont bondi jusqu'à 1324,15 dollars l'once, du jamais vu depuis le 9 septembre 2008. Suivant le même mouvement, l'once de palladium a atteint un pic à 298,25 dollars mercredi, un plus haut depuis le 2 septembre 2008. Selon James Moore, du cabinet Bullion Desk, les cours des deux métaux sont soutenus "par la hausse des investissements et la demande spéculative". Mais il a mis en garde contre la multiplication des positions acheteuses sur le palladium, qui fait peser selon lui un risque grandissant de correction sur ses cours. Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a fini à 1292 dollars l'once contre 1244 dollars vendredi dernier. L'once de palladium a terminé à 292 dollars à la clôture de vendredi, contre 290 dollars une semaine plus tôt. Pour leur part, les métaux de base ont terminé la semaine en ordre dispersé, cuivre et le zinc progressant à la faveur d'un amélioration du contexte macroéconomique, tandis que le nickel et le plomb cédaient du terrain. Stimulés collectivement en début de semaine par un affaiblissement du billet vert, tombé lundi à son niveau le plus bas depuis neuf mois, les métaux ont ensuite évolué de façon contrastée. "Il semble qu'individuellement, les métaux commencent à évoluer davantage en fonction de l'état de l'offre et la demande" de chaque marché, a ainsi estimé David Williams, analyste chez Basemetals. Or, d'un point de vue fondamental, "les perspectives s'améliorent pour le cuivre, le plomb et l'étain, elles sont neutres pour le zinc, et négatives pour l'aluminium et le nickel", estime Robin Bhar, analyste chez Calyon. Le principal bénéficiaire de la semaine a été le ZINC, dont le cours s'est envolé à 2015 dollars, son niveau le plus fort en 14 mois. Sa progression a été due à une baisse des stocks entreposés au London Metal Exchange, qui selon les analystes de Barclays Capital pourrait "suggérer un redressement de la demande". Le CUIVRE a fini la semaine en hausse, soutenu par l'affaiblissement du billet vert. La Chine, locomotive de la croissance de la demande d'or noir, a affirmé vendredi être sur la bonne voie pour réaliser son objectif de 8% de croissance économique en 2009, après la publication d'une série d'indicateurs montrant l'impact positif du plan de relance. "Cette série de données économiques positives chinoises a conforté l'espoir qu'une reprise était en marche", ont souligné les analystes de Barclays Capital. Monté jusqu'à 1935 dollars lundi, le métal s'est rapproché de son pic de la mi-août (6549 dollars la tonne), son niveau le plus élevé depuis un an. Le PLOMB, qui avait été la vedette de la semaine dernière, s'est nettement replié, victime de prises de bénéfices. Synthèse R.T.M.