Après la confirmation de trois cas de contaminations humaines au virus H5N1 au Vietnam, provoquant un décès, l'Organisation mondiale de la Santé(OMS) et l'agence de l'ONU pour l'Agriculture et l'Alimentation (FAO) ont appelé, hier, le pays à la plus grande vigilance. La grippe aviaire représente une menace pour les humains et la volaille durant toute l'année mais l'expérience, au Vietnam, a montré que la menace est la plus élevée en cette période de l'année", relève Jean-Marc Olivé, représentant de l'OMS au Vietnam. L'OMS et la FAO, qui soulignent que la grippe aviaire reste "endémique au Vietnam", rappellent que le "virus n'est pas encore capable d'infecter facilement des humains". "Mais quand cela arrive, le taux de mortalité est très élevé (environ 50%)", poursuivent-elles. Les agences rappellent aussi que "le virus n'est actuellement pas capable de se propager facilement entre les humains". "Mais les virus de la grippe sont connus pour leur capacité à changer rapidement et peuvent davantage s'adapter aux humains, avec de terribles conséquences", poursuivent-elles. "Il y a une réelle possibilité que le virus mute et devienne facilement transmissible entre humains", ajoute M. Olivé. "Si cela se produit, nous pourrions voir le début d'une nouvelle pandémie de grippe." La crainte d'une pandémie mondiale refait surface avec son lot d'inquiétudes dans une conjoncture mondiale marquée par une crise économique multiforme. On observe , en effet, un peu partout à travers le monde une décroissance des budgets publics dans les domaines relatifs à la santé animale, à commencer par les ressources affectées à la surveillance et à la détection précoce des maladies des animaux d'élevage ou sauvages. Beaucoup des 172 pays membres de l'OIE envoient des signaux témoignant d'une baisse de la garde vis-à-vis des menaces sanitaires vétérinaires. Nous ne disposons pas encore de chiffres précis, mais la tendance est manifeste, tant dans les pays en voie de développement que dans les pays développés. C'est une situation paradoxale qui va à l'encontre de notre politique : nous ne cessons de plaider pour le développement de réseaux visant, sur le terrain, à la détection la plus rapide possible des émergences et des réémergences d'événements sanitaires dangereux qu'il s'agisse, par exemple, de la grippe aviaire H5N1, de la fièvre aphteuse ou de la fièvre catarrhale ovine. Il s'agit de s'assurer que les Etats se dotent de législations permettant aux autorités gouvernementales de disposer de moyens nécessaires pour assurer la veille sanitaire et, le moment venu, agir de la manière la plus efficace. Cela passe nécessairement par des actions d'information auprès des éleveurs et une formation continue des vétérinaires de terrain. Il faut aussi établir des liens forts entre d'une part les éleveurs et les vétérinaires de terrain et, d'autre part, la puissance publique représentée par les services vétérinaires. Plusieurs des pays encore aux prises avec cette épizootie (Egypte, Indonésie, Chine) sont ceux qui connaissent des difficultés pour mettre en oeuvre de tels fonds de compensation. C'est à regretter car les informations dont nous disposons montrent que les sommes investies dans le domaine d'une bonne gouvernance vétérinaire et d'une surveillance efficace sont d'un montant dérisoire par rapport à celles que réclame la gestion tardive des crises sanitaires animales. Dalila B