Les retombées fâcheuses de la crise financière internationale sur les économies du pourtour méditerranéen ne font que s'accentuer. La tension sur les économies de la région s'est confirmée durant l'année 2008 et le constat est valable que ce soit pour les pays de la rive nord autant que pour leurs partenaires du Sud. Ainsi, le réseau spécialisé dans l'évolution des progrès économiques dans le Bassin méditerranéen, Anima, vient de présenter, hier, dans la capitale française, Paris, ses récents chiffres sur la situation des investissements directs étrangers dans ladite région, à l'occasion de l'initiative pour l'investissement en Méditerranée, organisée par la caisse marocaine de dépôt et de gestion, la caisse française des dépôts et consignations et l'Ipemed, de France également. A partir des constats établis, il ressort que, durant l'année 2008, les investissements étrangers directs dans la région ont enregistré une baisse qui a dépassé le cap des 30%. Ainsi, estiment les spécialistes travaillant pour ledit réseau, l'année 2008 a marqué un net ralentissement après les records enregistrés durant les deux années précédentes, 2006 et 2007, lorsque 755 projets représentant des flux de 68 milliards d'euros recensés en 2006, et 770 projets pour 61 milliards d'euros durant l'année d'après, 2007. En revanche, durant l'année dernière (2008), la lecture, qui a été faite du mouvement des flux d'investissements enregistrés, fait ressortir que le montant global des capitaux ayant pris pour destination la région du Bassin méditerranéen durant cette première année de crise dans la région est bel et bien passé sous la barre des 40 milliards d'euros, et ce, malgré que le nombre de projets d'IDE destinés aux dix pays méditerranéens (les neuf pays partenaires méditerranéens de l'Union européenne auxquels s'ajoute la Libye) n'a que légèrement reculé. En tout cas, les spécialistes du réseau Anima reconnaissent que cette tendance n'est pas surprenante à partir du moment où des experts au sein de plusieurs instances internationales, à l'instar de la Cnuced, dont les données provisoires pour 2008 prévoient une diminution de 22% des flux d'IDE dans le monde, et de 17% environ dans la région méditerranéenne, un équivalent de 50 milliards de dollars, ont déjà prédit cette situation. Pour ce qui est de la situation à l'avenir, rien n'est moins sûr. Tous les indices concluent sur la persistance de ce recul durant l'année en cours (2009). En revanche, dans une étude comparative sur les capacités de résistance aux effets de la crise dans le Bassin méditerranéen, les analystes en question estiment qu'à l'heure où la crise n'épargne personne, les pays du sud et du nord de la Méditerranée gagneront à agir de concert. Alors que la croissance européenne sera négative en 2009, les industries du Nord ont tout intérêt à s'appuyer sur les avantages comparatifs du Sud pour encaisser le choc, alimentant aussi, en retour, la croissance de cette région émergente (la Banque mondiale attend une croissance de 3,9% pour les pays Med en 2009). D'autant que l'Europe a confirmé, en 2008, sa position de principal émetteur d'IDE vers la région Med (15 milliards d'euros, soit 37% du total des flux annualisés d'IDE vers la région), devant les pays du Golfe, en recul avec 7 milliards d'euros (17% du total 2008). Par secteur d'activité, le même constat fait ressortir que les investissements dans le secteur de l'énergie se sont maintenus en 2008 à un niveau conséquent, portés par des projets géants (11,3 milliards d'euros). Si le BTP, le tourisme et l'automobile restent les principaux pourvoyeurs d'emplois (76 000 emplois directs créés en 2008), l'industrie légère s'impose comme un secteur dynamique aux retombées intéressantes pour le tissu économique local. M. Amani