Medelci temporise et attend le rendez-vous constitutif qui aura lieu le 13 juillet prochain à Paris. La politique du «wait and see» adoptée par l'Algérie à l'égard du projet français de l'Union pour la Méditerranée n'a pas changé. Le flou entourant le noyau de l'idée lancée par le président français, Nicolas Sarkozy, a incité l'Algérie à aller prudemment et voir venir. «La proposition française pour une Union de la Méditerranée (UM) n'a pas encore de contenu opérationnel» a estimé, avant-hier, à Bruxelles, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, au terme du troisième Conseil d'association UE-Algérie. Annoncé tambour battant par le chef de l'Etat français, le projet de l'Union méditerranéenne devenu, selon toute apparence, «Union pour la Méditerranée», n'est, selon toute vraisemblance, qu'une vaine idée. D'autant plus qu'à ce jour, cette prétendue Union n'arrive pas à sortir de son stade conceptuel, on ne peut plus abstrait. Le chef de la diplomatie algérienne a estimé que l'initiative française est une «proposition d'ouverture à laquelle l'Algérie adhère, mais elle est obligée de constater qu'il n y a pas encore de contenu tout a fait opérationnel à cette proposition». Toutefois, aussi ténébreux que soit le caractère que revêt le projet français, la position de M.Medelci ne l'est pas moins. Et pour cause. Le chef de la diplomatie algérienne ne veut voir en ce projet que le côté «bucolique». C'est en effet la déduction qui ressort des déclarations de Mourad Medelci. Ce dernier voit dans cette initiative deux «valeurs ajoutées» par rapport au processus de Barcelone. «Si ce processus gère des accords bilatéraux, le projet d'Union pour la Méditerranée donnera plus de poids à des projets communs à plusieurs pays à la fois, des deux rives de la Méditerranée» a-t-il argumenté. Le second avantage, cité par le chef de la diplomatie algérienne, concerne les flux financiers de soutien à ces projets. Le volume des financements de ces projets seront plus importants, «pas obligatoirement grâce aux fonds européens, mais grâce aussi à l'association du secteur privé, des banques et du système financier international ainsi que des capitaux qui cherchent à être employés» a souligné M.Medelci. Ce dernier s'est également félicité que l'UE se soit saisie de ce projet et dit attendre «que les choses se clarifient au Nord de la Méditerranée. Dès lors que ces clarifications seront apportées, les pays de la rive Sud dont l'Algérie, en tant que pays méditerranéen mais aussi en tant que membre de l'Union du Maghreb arabe (UMA), préciseront leur réaction et leur contribution». Même si Mourad Medelci croit dur comme fer que les contours réels du projet sarkozien ne seront élucidés qu'à l'issue du rendez-vous constitutif, qui aura lieu le 13 juillet prochain à Paris, il n'en reste pas moins que plusieurs observateurs commencent d'ores et déjà à spéculer sur la véritable issue de l'Union pour la Méditerranée. Les observateurs au fait de la situation géopolitique prévalant dans le pourtour méditerranéen, estiment que dans l'état actuel des choses, réaliser un projet appelé «Union pour la Méditerranée» relève plus du chimérique que du réalisme. Concrétiser un projet pareil nécessite, a priori, de remédier à la série de conflits minant la région. En Afrique du Nord, l'UMA est à l'arrêt. Installer une coopération économique entre les différents pays de cette région s'avère très difficile. A l'Est, le conflit israélo-palestinien, les tiraillements syro-libanais sont des obstacles qui risquent de compromettre le projet cher à Nicolas Sarkozy. Au niveau de la rive Nord de la Méditerranée, la situation n'est pas moins délicate. La discorde entre la Serbie et le Kosovo, le conflit chypriote, l'ambition turque d'adhésion à l'Union européenne, compromise par la France, sont autant d'entraves qui se pointent en perspective pour un projet dont il reste encore à en définir le tempo et la portée. C'est dans cette atmosphère peu convaincante que le chef de l'Etat français veut asseoir son «Union» pour la Méditerranée.