Anima enregistre une baisse des investissements en particulier dans l'immobilier en raison de la crise financière mondiale. L'Algérie a enregistré 18,9 milliards d'euros d'investissements entre 2003 et 2008, soit 431 projets essentiellement dans les secteurs bancaires, l'énergie et les services. C'est ce que relève, souligne Anima, le réseau qui réunit une quarantaine d'agences gouvernementales et réseaux internationaux du pourtour méditerranéen, dans son dernier bilan de l'investissement étranger 2008 en Méditerranée. Le même niveau est observé au Maroc, avec 688 projets, dans agroalimentaire, l'automobile, l'aéronautique, secteurs industriels & TIC. La Tunisie a accumulé 10,2 milliards de d'euros, 333 projets dans l'énergie, automobile, aéronautique, télécoms, textile et les services. C'est l'Egypte qui a fait le plein avec 52,8 milliards d'euros avec 514 projets. Parmi les 12 plus gros projets d'IDE vers Med en 2008 listés par Anima figure celui d'Emirates International Investment Company (Emirats arabes unis). Bloom Properties, filiale d'EIIC investira 5 milliards de dollars sur 5 ans pour développer Parc Dounya, projet immobilier aux Grands Vents d'Alger. Pour autant, il faut prendre ces statistiques avec précaution, Anima comptabilise tous les projets d'investissement annoncés, y compris par la presse, même s'ils ne sont pas, sur le terrain, concrétisés. Le bilan d'Anima souligne que les pays Med résistent, mais ne sont pas épargnés par la crise. Evoquant le contexte international, le document d'Anima parle d'une aggravation inévitable en 2009, avec des revenus pétroliers en baisse, l'accès plus difficile au crédit, une baisse des transferts de migrants, une demande réduite pour les exportations régionales et le tourisme et une baisse des commandes mondiales. “Ces effets se font sentir avec retard et une (heureuse) atténuation”, relève Anima. L'observatoire Anima confirme cette tendance pour les pays sud et est méditerranéens (pays Med) : la région a attiré 767 projets (- 7%) en 2008, 40,5 milliards d'euros d'IDE ont été annoncés en 2008 (contre 61 milliards en 2007 et 68 milliards en 2006). Beaucoup de projets, notamment automobiles, sont revus à la baisse (remise en cause de la participation de Nissan à l'usine de Tanger Med aux côtés de Renault), quand il ne s'agit pas d'annulations pures et simples dans le secteur immobilier (annulation du projet d'Emaar en Algérie, suspension du projet de Damac au Maroc, etc.). “Mais il y a des raisons d'espérer”, estime le réseau Anima, indiquant que “certains pays plus autarciques” sont moins exposés citant l'exemple de l'Algérie. En termes de secteur, l'énergie vient en tête avec 11,3 milliards d'euros en 2008. Longtemps privilégié par les investisseurs du Golfe, l'immobilier recule fortement en 2008 (division par 2 des montants investis à 7,7 milliards d'euros). Le tourisme souffre également. Comme en 2007, les télécoms baissent fortement (1,3 milliard d'euros contre une dizaine en 2005 et 2008). Il en est de même pour les services financiers (3,7 milliards d'euros, -65%). La grande distribution, la chimie, la métallurgie (Algérie, Libye, Turquie) voient au contraire leurs parts augmenter sensiblement. Cependant “la région Med reste largement un espace économique faible et dominé”. Les IDE, constate Anima, créent des richesses, mais s'accompagnent d'une redistribution limitée, avec un multiplicateur économique insuffisant (retombées locales, chaîne de valeur) et trop de projets polluants (immobilier, chimie...). Seulement 76 000 nouveaux emplois directs ont été créés par les IDE en 2008 (en recul par rapport aux 101 000 emplois créés en 2006). “Le modèle de développement est souvent peu satisfaisant (sous-traitance, tourisme de masse, usines-poubelles, fuite des élites…) et les "nouveaux opérateurs" se moquent souvent de l'humain…” relève le document.