Barack Obama a proposé, hier, à l'Iran un "nouveau départ" dans leurs relations diplomatiques afin de tourner la page de trois décennies de politique américaine hostile vis-à-vis de Téhéran. Son message a pris la forme inédite d'un enregistrement vidéo destiné à être diffusé sur plusieurs chaînes du Moyen-Orient à l'occasion de la fête de Norouz - le nouvel an du calendrier iranien célébré à l'arrivée du printemps. "J'aimerais m'adresser directement au peuple et aux dirigeants de la République islamique d'Iran. Nous cherchons la promesse d'un nouveau départ", a dit Obama. Le président américain a reconnu la difficulté de la tâche mais s'est dit prêt à tendre la main à l'Iran s'il consentait à "desserrer le poing". "Mon administration est désormais dévouée à une diplomatie incluant l'ensemble des questions qui se présentent à nous, en vue de nouer des liens constructifs", a déclaré Obama, employant un ton conciliant qui tranche singulièrement avec la rhétorique privilégiée par son prédécesseur George Bush. Il s'agit du geste le plus spectaculaire du président américain à l'attention de la République islamique depuis sa prise de fonctions le 20 janvier dernier. Les Etats-Unis ont rompu leurs relations diplomatiques avec Téhéran il y a près de trente ans. Washington soupçonne l'Iran de poursuivre un programme nucléaire militaire pour se doter de l'arme atomique et lui reproche de soutenir des organisations islamistes dans des pays tiers. L'administration Obama a déjà fait part de sa volonté de reprendre des contacts diplomatiques avec l'Iran, isolé par l'équipe Bush qui l'avait placé au coeur de son "Axe du Mal". De son côté, le président iranien Mahmoud Ahmadinhejad s'était dit disposé à discuter avec les Etats-Unis si ces derniers opérait un virage politique envers de son pays. L'invitation adressée à l'Iran en vue de la conférence internationale sur l'Afghanistan qui se tiendra fin mars à La Haye a été interprétée comme le premier signe d'un assouplissement des relations entre les deux pays. "Ce processus n'avancera pas grâce aux menaces. Nous attendons plutôt un engagement honnête et fondé sur le respect mutuel", a prévenu Obama dans son message. Il y a affirmé que les Etats-Unis souhaitaient voir Téhéran prendre "sa place de droit dans la communauté des nations" mais insisté sur le partage des efforts à fournir pour que cela se réalise. "Vous avez ce droit, mais il s'accompagne de grandes responsabilités et cette place ne saura être prise par le terrorisme ou les armes, plutôt par des actions pacifiques qui démontrent la grandeur réelle du peuple et de la civilisation iraniens", a dit le président américain. "L'échelle de cette grandeur n'est pas la capacité à détruire, c'est la capacité manifeste à créer et construire", a-t-il encore souligné, évoquant là le programme nucléaire que l'Iran présente comme une activité civile. La Maison blanche a posté la vidéo sur son site Internet et distribué les exemplaires au chaînes de la région avec des sous-titres en farsi pour démontrer le sérieux de cette main tendue. La volonté de dialogue affichée par Obama, y compris avec les ennemis des Etats-Unis, a été saluée par la communauté internationale qui y perçoit une rupture totale avec la "diplomatie de cowboy" de l'administration Bush, illustrée par la guerre en Irak. Le président américain n'a pas formulé d'offres particulières dans son message, mais a souhaité que "l'avenir permette des échanges renouvelés entre nos peuples et de grandes opportunités de partenariat et commerciales". Les relations diplomatiques irano-américains ont été rompues par Washington après la crise des otages de 1979-1981, lorsque 52 diplomates américains ont été retenu dans leur ambassade pendant 444 jours par des militants étudiants iraniens.