Le marché européen du gaz est en passe de devenir un véritable terrain miné pour les pays producteurs de ladite énergie (le gaz en l'occurrence). Les ingérences que l'Union européenne est en train de faire subir à Moscou par rapport au gaz russe représentent un enseignement que tous les pays producteurs de gaz doivent prendre en considération dans leurs accords ou perspectives de conquérir le marché européen. Une réunion a regroupé récemment des représentants de l'Union européenne avec leurs homologues d'Ukraine pour débattre de la reprise de la distribution du gaz russe vers l'Europe occidentale. Peu avant cette réunion, une rencontre entre Bruxelles et Moscou a été prévue dans la perspective de trouver un terrain d'entente pour aplanir les hostilités concernant la distribution du gaz russe qui, de surcroît, transite par l'Ukraine. «Le contenu de cette déclaration suscite de nombreuses questions, c'est le moins que l'on puisse dire», a déclaré hier Medvedev, président de la Fédération de Russie, lors d'une réunion du Conseil de sécurité russe au Kremlin. Pour sa part, le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a laissé s'exprimer son impression sur la question en laissant entendre qu'«il est clair que le gaz ne peut venir que de Russie, mais personne n'a parlé de cela avec nous». Ce dernier avait déclaré, lundi, que Moscou réviserait ses relations avec l'UE si ses intérêts dans le domaine énergétique n'étaient pas pris en compte, après avoir qualifié les accords entre les deux parties d'irréfléchis et non-professionnels. «La Russie peut participer à la modernisation du système ukrainien de transit du gaz», a déclaré, avant-hier, le Premier ministre ukrainien, Ioulia Timochenko, en tentant de justifier la démarche, peu claire, de Kiev. Il y a le mérite de rappeler que l'approvisionnement de l'Europe par le gaz russe a connu des crises aiguës durant ces dernières années et, à chaque fois, l'Ukraine se trouve au centre du conflit sachant que les 27 ont toujours tenté de faire un forcing sur Moscou quant aux prix du gaz et sa politique de distribution en s'appuyant sur Kiev. L'Ukraine a causé à plusieurs reprises l'interruption des livraisons de gaz vers l'Europe, tentant à chaque reprise d'opérer un chantage à l'encontre de la Russie. Mais il n'a jamais été question pour l'UE de remettre en cause les agissements de Kiev, lequel ne cache pas son intention de rejoindre l'Otan et de s'inscrire dans les politiques expansionnistes occidentales. Des institutions internationales comme la Banque mondiale, la Banque européenne d'investissement et autres se sont mises de la partie pour épauler le projet peu clair de l'UE. D'ailleurs, la Première ministre ukrainienne, Ioulia Timochenko, a affirmé, avant-hier, que l'Union européenne et des institutions financières internationales verseraient des investissements pour financer la modernisation de son système de transport du gaz naturel, et ce, tout en invitant la Russie à se joindre au projet. Mais, est-il concevable que Moscou soit invité à rejoindre «le train en marche», alors que c'est de son gaz qu'il s'agit. Rien d'étonnant que le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, estime vouloir «reconsidérer les relations de son pays avec l'Union européenne ». Les méfiances de la Russie vis-à-vis de l'Europe interviennent, bien évidemment, après cette démarche des 27 et Kiev, ce qui a suscité à Moscou de vives critiques vis-à-vis d' « un plan qui, prétend-on, vise à moderniser le système de transit de gaz russe via l'Ukraine». Cette situation, en tout cas, ne fait qu'exacerber les doutes au sein des compagnies pétrolières internationales qui ont l'ambition d'investir le marché européen. M. Amani