En décortiquant la politique agricole menée durant cette dernière décennie, Slimane Badrani, professeur à l'Institut national d'agronomie et chercheur au Centre de rechercher et études appliquées pour le développement ( Craed), est catégorique en affirmant qu'il est erroné de dire que "rien n'a été fait dans ce domaine". Il n'y a pas eu "d'échec", poursuit-il, et "les progrès en matière de production agricole sont importants". Néanmoins, les résultas restent insuffisants au regard du taux de "dépendance vis-à-vis de l'étranger". Slimane Badrani estime que l'Algérie dispose de plusieurs atouts pour atteindre l'auto-suffisance, notamment en matière de production laitière. Mais la concurrence de "l'importation de la poudre de lait a empêché le développement de cette filière", a-t-il déclaré. Le progrès réalisé par la Tunisie dans ce domaine est à méditer car ce "pays à réussi, au bout de vingt ans, à atteindre l'autosuffisance". Ce qu'il faut, précise Slimane Bedrani, c'est "une politique cohérente reposant sur la subvention de l'Etat aux investissements agricoles car le secteur est toujours sous-équipé". Autre mesure à ses yeux - importante- à remettre sur pied car étant supprimée, "l'aide aux investissements dans les équipements en eau comme l'irrigation localisée ou le goutte à goutte". Ce n'est qu'à partir de là que "la production augmentera d'autant que le rendement est faible en Algérie". Autre volet indispensable à développer, la recherche agronomique. Selon Slimane Badrani, "la recherche est longtemps délaissée depuis l'indépendance". Le nombre très "réduit des directeurs de recherche en est l'indice principal de la faiblesse du soutien des pouvoirs publics". L'agriculture ne peut pas se développer, "sans innovation", a-t-il expliqué. Et de poursuivre, "il faut investir plus et mieux dans l'agriculture". Slimane Badrani est revenu notamment sur les programmes des 6 candidats à la présidentielle. L'agriculture, un secteur vital mais abordé par les prétendants à la magistrature suprême avec des "propositions générales". Pour lui, Abdelaziz Bouteflika est le seul candidat qui a fait des "propositions concrètes et disposant d'un programme détaillé". Toutefois, il appréhende le fait que la décision d'effacement des dettes "ne soit bénéfique qu'aux grands agriculteurs car les seuls à pouvoir contracter des crédits bancaires". Les petits agriculteurs doivent également être " soutenus", a-t-il précisé. A propos de la hausse des prix des fruits et légumes, Slimane Badrani s'est montré incapable de fournir une explication, affirmant simplement que "le Cread n'a pas menée d'enquête dans ce sens". Abdelghani M.