La soudaine gloire du maïs porté au plus haut par l'éthanol a éclipsé l'autre champion des bioénergies : le sucre. Et pour cause. Promis à des sommets inégalés en 2006, son cours s'est finalement effondré ; le prix de la livre coté à New York a été divisé par deux depuis les 18 cents enregistré au mois de mai. Une chute qu'on peut imputer à la surproduction selon les estimations fournies par l'Organisation internationale du sucre. Les quatre grands producteurs dépassent ou dépasseront tous les niveaux atteints l'année dernière. L'Inde, le deuxième producteur mondial, qui avait interdit les exportations pour contrôler les prix sur son marché domestique, les autorise à nouveau depuis le mois de janvier tant sa récolte est pléthorique. En l'espace de deux campagnes, elle a littéralement doublé. Le sucre indien trouvera t-il preneur sur le marché international ? Pas sûr, car les cours sont bien bas et l'offre de la concurrence abondante. La Thaïlande s'attend à une récolte record également. En bref, l'offre devrait dépasser la demande de sept millions de tonnes. Un déséquilibre peu favorable à une reprise des cours. Et pourtant certains négociants restent optimistes. Un Européen rappelle à notre bon souvenir le rôle des fonds, notamment les "courts-termistes" qui jouent la baisse. Lorsque ces meneurs auront liquidé leurs positions de vendeurs, le marché pourrait bien repartir, guidé par les seuls fondamentaux. Par ailleurs, le niveau actuel des cours couvre à peine les coûts de production au Brésil, c'est pourquoi le sucre ne peut guère tomber plus bas sans que les premiers producteurs ne réagissent. Car avec l'éthanol, le Brésil a dorénavant une variable d'ajustement en main. La part de canne dévolue au carburant vert pourrait passer de 52 à 55% cette année, ce qui réduirait d'autant l'offre brésilienne de sucre roux. Ce négociant haussier regrette enfin qu'on s'intéresse trop peu à la demande qui augmente de pair avec la hausse du niveau de vie constatée dans tous les pays émergents. Côté métaux, malgré le chaos observé en janvier sur le marché londonien où le cuivre a piqué du nez, les grandes compagnies minières restent optimistes pour l'année 2007. Après les bénéfices record enregistrés l'année dernière, ils se chiffrent en milliards de dollars pour les deux premiers groupes mondiaux, BHP Billiton ou Rio Tinto, qui restent confiants en la vigueur de la demande. Parce que la Chine, qui a joué un rôle déterminant dans la hausse générale des matières premières, conserve une position clé dans la formation de la demande, estime le dirigeant de BHP Billiton. Le géant de l'Asie a développé sa production domestique mais pas encore suffisamment pour freiner ses importations. Par ailleurs, la demande des économies développées, notamment celles du Japon et de l'Europe devrait se réveiller dans les mois qui viennent. Les incertitudes sur la croissance américaine demeurent, mais la montée en puissance de la Chine et de l'Inde relativise son impact sur la demande globale. On est donc loin des interrogations sur la fin du super cycle de hausse qui ont émaillé les commentaires de marché du mois de janvier. Cet optimisme se nourrit aussi de l'analyse de l'offre : pour des raisons liées à la nature de leur activité les compagnies ne peuvent pas spontanément répondre à une subite augmentation de la demande. Si les cours élevés leur ont procuré des bénéfices pléthoriques, les compagnies minières ont dû aussi consentir à des dépenses beaucoup plus importantes que par le passé pour développer la production. Bien sûr le poste de l'énergie pèse de plus en plus lourd, c'est particulièrement vrai pour l'aluminium qui nécessite beaucoup d'électricité, mais cela s'applique à l'ensemble des métaux.