Le sommet du 60e anniversaire de l'OTAN, qui se tient depuis, hier, à Baden-Baden (Allemagne) et à Strasbourg, sera l'occasion pour l'alliance atlantique de se pencher sur la situation en Afghanistan, où plus de 60.000 militaires étrangers sont toujours déployés. Ce sommet, co-organisé par la France et l'Allemagne, marquera aussi le plein retour de Paris dans les instances de commandement intégré de l'Alliance, annoncé par Nicolas Sarkozy aux Alliés dans un courrier jeudi dernier, 43 ans après le retrait décidé par le général De Gaulle. Le nouveau président américain Barack Obama y exposera par ailleurs les inflexions de sa diplomatie, qu'il présente comme plus collective. Les chefs d'Etat et de gouvernement des 28 pays membres de l'organisation transatlantique se sont donné rendez-vous pour un dîner vendredi soir à Baden-Baden. Après une courte cérémonie sur le pont de l'Europe qui relie Kehl en Allemagne à Strasbourg sur la rive française, les principales discussions se tiendront samedi matin au Palais de la musique de la capitale alsacienne. Le sommet sera placé sous très forte protection policière des deux côtés du Rhin. L'Allemagne et la France ont mobilisé quelque 30.000 policiers et gendarmes pour l'occasion et une bonne partie de la ville de Strasbourg sera paralysée, ce qui ne devrait pas empêcher plusieurs dizaines de milliers de manifestants de défiler. Pour la France, ce sommet devrait être celui de l'apaisement au sein de l'Alliance, après les divisions provoquées par l'intervention américaine en Irak en 2003. Plusieurs Etats membres, dont la France et l'Allemagne, s'y sont opposés, tandis que d'autres, à l'instar de la Grande-Bretagne, ont engagé des troupes avec Washington. Les discussions devraient beaucoup tourner autour de la situation en Afghanistan, plus de sept ans après l'invasion alliée dans la foulée des attentats du 11-Septembre. Les uns et les autres sont d'accord sur la nécessité d'une "afghanisation" (un transfert aux forces afghanes de la responsabilité de la sécurité) et sur la perspective de discussions avec les talibans modérés qui accepteraient de déposer les armes. Mais les Américains demandent à l'Europe un renforcement du nombre de soldats sur le terrain, ce à quoi le Vieux continent ne semble pas prêt. Plusieurs pays ont plutôt offert d'envoyer des gendarmes pour assister les Afghans dans l'organisation de leurs propres forces de l'ordre. Le chef de l'état-major américain interarmes, l'amiral Mike Mullen, a aussi demandé jeudi des renforts en civils, pour aider l'administration et l'économie afghanes. La situation en Afghanistan devrait faire l'objet d'un communiqué séparé à l'issue des travaux. Le sommet examinera aussi les nouvelles orientations stratégiques de l'Alliance militaire, dont la rénovation est engagée pour faire face à l'évolution rapide des menaces constatée ces dernières années, entre l'émergence du terrorisme international, des attaques contre les réseaux informatiques ou des menaces sur les approvisionnement en énergie. Paris, qui entend peser sur le concept stratégique, défendra l'idée d'une implication plus importante de l'Europe, censée aller de pair avec un renforcement de la défense européenne dans le cadre de l'Union européenne. Les dirigeants devront aussi trouver un consensus pour choisir un successeur à l'actuel secrétaire général de l'organisation, le mandat de Jaap de Hoop Scheffer arrivant à son terme. A l'Elysée, on estime que le Premier ministre danois Anders Fogh Rasmussen est "le mieux placé" pour lui succéder, mais la Turquie pose problème, et plusieurs autres candidats restaient en lice. Pour la France, ce sommet se déroule sur fond de négociations sur la répartition des postes, avec une place plus grande accordée aux Européens. Les militaires français devraient obtenir l'Allied Command Transformation, le commandement de transformation de l'OTAN basé à Norfolk (Virginie) et, en alternance avec l'Italie, le commandement interarmées de Lisbonne. Nicolas Sarkozy, qui va co-présider le sommet, aura avant l'ouverture des travaux un entretien en tête-à-tête avec Barack Obama.