Telle une locomotive qui peine à gravir une pente, le moteur du commerce mondial a du mal à tourner. Les exportations sont en chute, les entreprises licencient, voire ferment par certaines. Apporter des solutions à ce problème constituait l'un des enjeux majeurs du sommet du G-20, qui se tenait à Londres cette semaine.Les dirigeants ont annoncé qu'au moins 250 milliards de dollars seront débloqués au cours des deux prochaines années en faveur du financement des échanges commerciaux, sous forme de crédits à l'exportation ainsi que par le biais des agences d'investissement et des banques multilatérales de développement. Le Groupe de la Banque mondiale et plusieurs de ses partenaires vont unir leurs efforts dans le cadre du nouveau Programme de liquidité pour le commerce mondial (GTLP), qui pourrait financer les échanges commerciaux à hauteur de 50 milliards de dollars. "Nous saluons le haut niveau de coopération entre les institutions du secteur public et privé, qui nous permet de lancer le GTLP en faveur des pays en développement ", a déclaré Robert B. Zoellick, président de la Banque mondiale. Les nouvelles prévisions de la Banque mondiale brossent un tableau sombre pour 2009 et anticipent un faible redressement en 2010. D'après les Perspectives économiques mondiales 2009, la croissance du PIB des pays en développement ralentira de 5,8% par rapport à 2008, pour s'établir à 2,1% cette année. Dans son ensemble, la croissance mondiale devrait se contracter à 1,7 %. La Banque mondiale prévoit désormais pour 2009 un tassement de 6,1 % du volume des échanges de biens et de services au niveau mondial. En raison de la chute des prix des matières premières, la valeur des échanges internationaux va accuser une baisse encore plus marquée. "Les statistiques du commerce extérieur sont en chute libre, en particulier pour les pays et les entreprises spécialisés dans les produits manufacturés, l'électronique et le textile", affirme Bernard Hoekman, directeur du Département du commerce international de la Banque mondial. Plus de six mois après le début de la crise, la baisse de la demande mondiale de biens et de services a entraîné une réduction des flux commerciaux de plus de 1,5 billions de dollars. Ce chiffre est en partie imputable à l'augmentation des coûts et à la moindre disponibilité des crédits commerciaux. " La pénurie de crédit a un impact considérable ", déclare German Vegarra, responsable des marchés financiers internationaux à l'IFC. "Par exemple, la réduction des lignes de crédit destinées aux activités de pré-exportation des exportateurs éligibles se traduit par une insuffisance des fonds de roulement, et donc par l'impossibilité pour l'entreprise de continuer à fonctionner. Elle ne peut pas payer ses employés, ses fournisseurs ou ses factures d'électricité. Nous sommes pris dans un cercle vicieux. Les banques ont été amenées à réduire les crédits accordés, ce qui a produit un effet boule de neige". Aujourd'hui, aucun pays n'est épargné. En Amérique latine, le Brésil a été le premier pays touché. L'Europe de l'Est est sévèrement affectée. A présent, le problème s'étend progressivement à d'autres régions, voire à certains pays que nous pensions pourtant solides. Les marchés estimaient que l'Afrique était isolée, mais on voit désormais que la crise s'y propage de façon spectaculaire, a ajouté Vegarra. Ouzna Mesroua