Les Algériens sont appelés à se serrer la ceinture pour quelques jours encore, car il faudra attendre l'arrivée de la production de saison provenant de Mostaganem et de Skikda, pour que les prix de la pomme de terre baissent. C'est ce qu'on comprend, en tout cas, des dires de Ammar Assabah, directeur de la régulation au ministère de l'Agriculture et du Développement rural. Selon lui, 500 à 600 tonnes de pommes de terre sont récoltées chaque jour à Mostaganem depuis jeudi. Et plus de 300 camions viendront incessamment de l'est du pays afin d'approvisionner les marchés de la région Est et la production des wilayas de Mascara et de Skikda devra également être disponible ces jours-ci. Cependant, les responsables du ministère de l'Agriculture oublient que le marché des fruits et légumes connaît depuis le début de cette année une flambée incroyable. Si la pomme de terre, dont les prix ont atteint 80 DA et 100 DA/kg pose problème, on omet souvent de parler des autres produits maraîchers comme la tomate, dont le prix a atteint 90 DA/kg, les carottes à 60 DA et l'oignon dont le prix varie entre 45 et 60 DA/kg. La fièvre des marchés a également atteint les viandes rouges, dont le prix moyen se situe à 800 DA/kg et les œufs (12 DA l'unité). A souligner que les pouvoirs publics ont mis en place, en juillet 2008, à cause d'une pénurie de pomme de terre, un mécanisme de régulation du marché. Le but était d'absorber les surplus de production pour les remettre sur le marché en cas d'insuffisance. D'ailleurs, c'est ainsi qu'il y a eu recours à la solution de stockage. Une opération qui n'a pas donné les mêmes résultats dans l'ensemble des wilayas du pays, à cause de l'insuffisance des chambres froides. Invité de la Chaîne III de la Radio nationale, Ammar Essabah dira que la situation actuelle des prix des produits agricoles est due à 3 facteurs, à savoir la fin de la saison pour certains produits, l'incapacité d'accéder aux parcelles pour récolter la production saisonnière à cause des dernières pluies et enfin les prix excessifs pratiqués par les détaillants qui achètent à bas prix, mais vendent cher. Il faut dire qu'une telle situation ne peut être justifiée que par les saisons de production. Ce qui pousse à s'interroger sur l'efficacité du mécanisme de régulation mis en place depuis l'été dernier. Le dysfonctionnement dans les services de régulation du marché ne date pas d'aujourd'hui, puisque la spéculation reste la seule loi qui a droit de cité. A ce propos, M. Assabah a souligné que des intermédiaires spéculateurs interviennent sur les circuits de distribution pour augmenter les prix du produit, précisant, à cet effet, que les marges de distribution atteignent entre 30 et 40 DA le kilogramme, soit le double du prix de sortie à l'exploitation. Il assurera même que 1 400 000 tonnes de pommes de terre sont prévues pour cette saison, donc une surproduction de 200 000 tonnes par rapport à l'année passée. En attendant des mesures concrètes du gouvernement pour mettre fin à cette flambée jugée "criminelle" par certains citoyens, les Algériens au revenu modeste sont tenus de patienter et de serrer la ceinture. N. C.