La question de la hausse des prix des produits alimentaires sera examinée par les chefs d'Etat et de gouvernement de la planète qui participeront du 3 au 5 juin prochain, au siège de la FAO, à Rome, à la Conférence de haut niveau sur la sécurité alimentaire mondiale : les défis du changement climatique et des bioénergies. S'il est vrai que la hausse des prix des denrées alimentaires aggrave l'insécurité alimentaire et crée des tensions sociales, cette situation d'urgence ne devrait pas faire perdre de vue les aspects à long terme de la crise, souligne à cet égard le directeur général de la FAO. "Afin que les petits exploitants agricoles et les ménages ruraux puissent tirer profit de la hausse des prix de l'alimentation, nous devons créer un environnement politique favorable à l'atténuation des contraintes auxquelles sont confrontés le secteur privé, les agriculteurs et les commerçants", affirme M. Diouf. Cela signifie qu'il faudrait renverser la tendance actuelle caractérisée par la diminution des ressources publiques consacrées au développement agricole et rural et investir davantage dans l'agriculture, fait observer M. Diouf. Outre le handicap des prix historiquement bas durant plusieurs décennies, les agriculteurs des pays en développement ont longtemps été confrontés à l'absence ou à l'insuffisance des infrastructures essentielles, notamment de transport et de communication. Ils ont été handicapés aussi par les difficultés d'accès aux technologies et aux services de vulgarisation et à la faiblesse des systèmes de crédit et de marché. Autre problème majeur à résoudre de toute urgence : l'irrigation, surtout en Afrique subsaharienne. Lors de la hausse des prix des produits alimentaires dans les années 1970, beaucoup de gouvernements asiatiques décidèrent d'investir dans l'irrigation et la recherche agricole, ce qui entraîna une croissance rapide de la productivité agricole et sauva des millions de personnes de la faim et de la pauvreté, rappelle M. Diouf. "Une réponse similaire est indispensable aujourd'hui, notamment en Afrique subsaharienne", selon M. Diouf. En décembre dernier, la FAO a lancé son Initiative d'urgence pour contrer la flambée des prix des produits alimentaires. Dans le cadre de cette Initiative, elle a livré notamment des semences et autres intrants à 37 pays à faible revenu et à déficit alimentaire qui ont pu ainsi accroître leur production alimentaire. Selon une première estimation, les financements internationaux requis pour mettre en œuvre des programmes et projets d'assistance dans les pays pauvres seraient de l'ordre de 1,7 milliard de dollars.De son côté , Jacques Diouf, directeur général de la FAO, a exhorté, hier, la communauté internationale à prendre des mesures immédiates face à l'urgence alimentaire mondiale, sans négliger pour autant les opportunités offertes par la hausse des prix de l'alimentation afin d'empêcher la répétition de telles situations dramatiques. Dans un article publié aujourd'hui sur le site internet de la FAO et intitulé Soaring Food Prices - Threat or Opportunity ? M. Diouf souligne notamment qu'"il est temps de relancer l'agriculture, une opportunité que la communauté internationale ne doit pas rater". La hausse des prix des produits alimentaires de base nécessite une approche à deux niveaux : d'une part des politiques et des programmes pour soutenir les millions de pauvres dont les moyens d'existence sont menacés et, d'autre part, des mesures pour aider les agriculteurs du monde en développement à tirer profit de la nouvelle situation. "Nous devons produire davantage là où le besoin en denrées alimentaires est urgent afin de réduire l'impact de la flambée des prix sur les consommateurs pauvres. Simultanément, nous devons doper la productivité et la production créant ainsi des opportunités supplémentaires de revenus et d'emplois pour les ruraux pauvres", affirme M. Diouf. "Nous devons faire en sorte que les petits exploitants agricoles aient accès aux ressources en terre et eau et aux intrants essentiels, notamment les semences et les engrais. Cela leur permettrait, parallèlement à l'augmentation de leur production, de mieux répondre à la hausse des prix tout en améliorant leurs revenus et leurs moyens d'existence, une situation qui profiterait aussi, en dernière analyse, aux consommateurs", selon M. Diouf.