Les conditions du marché semblent confirmer les craintes de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole quant à la demande mondiale de pétrole. En effet, le marché semble bien trop approvisionné et exerce un impact sur les cours du brut. Ainsi les prix du pétrole poursuivaient leur recul hier en début d'échanges européens. Vers 11H00 GMT (12H00 HEC), le Brent de la mer du Nord pour livraison en mai perdait 54 cents à 51,70 dollars le baril. A New York, le baril de "light sweet crude" pour livraison en mai cédait 95 cents à 50,10 dollars. Les analystes du cabinet John Hall estiment que "comme c'est le cas depuis quelques semaines, les mouvements des actions et des devises dans un sens ou dans l'autre ont davantage d'impact sur les prix que l'offre et la demande (de pétrole) en ce moment". Or, hier, les Bourses n'étaient d'aucun secours au pétrole: les places asiatiques ont clôturé en ordre dispersé et les marchés européens baissaient. Dopés depuis trois semaines par un regain d'optimisme sur les marchés actions, les prix ont été pénalisés lundi par un repli marqué de Wall Street : ils ont reculé d'1,46 dollar à Londres, et de 1,23 dollar à New York. En cinq semaines, les cours avaient regagné 23% à New York et 17% à Londres, principalement grâce à l'envolée de la Bourse et l'affaiblissement du dollar. Or, sans le soutien de ces facteurs exogènes, les prix de l'or noir sont exposés à un risque de baisse car, soulignent à l'unisson les analystes, le marché semble trop approvisionné pour justifier l'envolée récente des prix. "Les fondamentaux (l'offre et la demande) sont dans l'ensemble lugubres, et cela va de mal en pis depuis quelques temps", observe ainsi Peter Beutel, du cabinet américain Cameron Hanover. Deux événements pourraient servir de rappel en ce sens au marché : mercredi, le Département américain de l'énergie publiera son rapport hebdomadaire, avec notamment l'état des stocks pétroliers et des chiffres sur la demande américaine. La semaine dernière, les réserves de brut se sont affichées à leur niveau le plus élevé depuis 1993, et la consommation d'essence a recommencé à baisser. "Dans un contexte où les stocks de brut sont proches de leur niveau maximal en théorie, le moindre incident opérationnel dans une raffinerie va faire baisser les prix à échéance immédiate, car il y aura peu de temps pour dérouter le brut et aucun endroit pour l'entreposer", a observé Olivier Jakob, du cabinet Petromatrix. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) pourrait aussi fournir une nouvelle preuve de la faiblesse de la demande: son directeur a déjà laissé entendre que les perspectives de consommation pétrolière allaient une fois encore être révisées en baisse, dans son prochain rapport. Autre menace, les fonds indiciels (indexés sur le prix des matières premières), dont le poids sur le marché new-yorkais est énorme, commencent à vendre le contrat de référence (mai) pour acheter le suivant (juin), ce qui exerce une pression supplémentaire sur les prix. Il faut dire que la situation du marché inquiète. Il faut dire qu'une baisse prolongée des cours du brut n'arrangerait rien aux affaires des pays producteurs, ni à celles des consommateurs. Il ne faut surtout pas perdre de vue le fait qu'une baisse des recettes compromettrait certains investissements dans le secteur pétrolier ce qui aura un impact moyen terme sur les capacités de production et par ricochet la sécurité des approvisionnements. S. G.