Les consommateurs de pétrole devraient être rassurés par les dernières prévisions de la Banque mondiale concernant l'évolution des cours du pétrole. Au moment même où ces derniers affichent la crainte de voir la montée des cours du pétrole plomber la reprise en 2010, l'institution de Bretton Woods confirme le fait que les prix du pétrole ne devraient pas trop évoluer en 2010. Ainsi, la Banque mondiale a indiqué hier, dans un rapport sur le Moyen-Orient publié à Istanbul, qu'elle prévoyait que le prix du baril de pétrole serait de 63 dollars en 2010, contre 55,5 dollars en moyenne en 2009. Selon l'institution financière, ce prix est "suffisant pour éviter une crise majeure dans les pays producteurs de pétrole, mais est très en dessous de ceux atteints lors du boom de 2008" (jusqu'à plus de 147 dollars). Notons dans ce sens que les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole ont considéré que pour maintenir les investissements dans l'amont et l'aval pétrolier, le cours du baril devra se maintenir entre 70 et 90 dollars, sans quoi les investissements à venir deviendraient non rentables. Un recul persistant des cours menacerait l'activité pétrolière et induirait forcément un déclin des réserves pétrolière exploitables et par ricochet une flambée incontrôlable des prix du brut. La Banque mondiale note également que les prix du pétrole ne devraient guère être affectés d'ici à fin 2009 par les facteurs qui avaient contribué à des prix élevés avant la mi-2008. La demande mondiale devrait rester faible, souligne ce rapport. Le Fonds monétaire international (FMI) n'a pas de son côté publié d'indications sur le prix du pétrole attendu en 2010 dans ses Prévisions économiques mondiales, rendues publiques jeudi. Mais il a estimé à 85,7 millions de barils/jour la demande mondiale de pétrole en 2010, soit 1,5% de plus qu'en 2009 (84,4 mb/j) mais moins qu'en 2008 (86,3 mb/j). Pour rappel, le cours du baril de pétrole a terminé la semaine en baisse, frappé par une hausse surprise des destructions d'emplois aux Etats-Unis, une déconvenue relançant les craintes sur la consommation d'or noir. Guetté par les opérateurs, qui y cherchaient des indications pour les perspectives de consommation énergétique, le rapport mensuel sur l'emploi américain a porté un coup aux prix du baril. La première économie mondiale a supprimé 263'000 emplois nets, contre 201'000 en août et 304'000 en juillet, faisant monter le taux de chômage à 9,8%, contre 9,7% le mois précédent. Les analystes tablaient sur un ralentissement des licenciements, avec seulement 175'000 pertes d'emplois. Alors que la veille les prix du brut avaient résisté à un recul des Bourses mondiales, le marché a cette fois été entraîné dans le repli de Wall Street et des Bourses européennes, toutes déprimées par ces chiffres. "Ces chiffres terribles ont fait plonger les actifs risqués -- actions, métaux précieux, pétrole", notait David Morrison, analyste chez GFT. Les cours du baril lâchaient ainsi une partie des 4 dollars gagnés d'un coup mercredi, à la faveur du rapport hebdomadaire du Département américain de l'énergie (DoE), qui avait annoncé une baisse des stocks d'essence américains. En outre, les inquiétudes géopolitiques qui avaient soutenu au cours des derniers jours s'estompaient, enlevant un facteur de soutien aux prix du pétrole. Sur le sujet du nucléaire iranien, les représentants des six grandes puissances chargées du dossier ont obtenu jeudi des avancées notables lors d'une journée-marathon de pourparlers à Genève, notamment la promesse d'une inspection du site d'enrichissement d'uranium de Qom (centre de l'Iran). Les différentes parties, qui ne s'étaient plus rencontrées depuis 14 mois, sont convenues de se réunir à nouveau avant la fin du mois. "Bien que les discussions entre l'Iran et le conseil de sécurité des Nations Unies ait commencé sur un ton optimiste, elles peuvent alimenter la volatilité des cours du pétrole", nuance Yingxi Yu, de Barclays Capital. Samira G.