L'Agence internationale de l'Energie atomique a annoncé mardi à Vienne que la Corée du Nord était en train d'expulser les inspecteurs de l'AIEA et de relancer ses installations nucléaires. Selon un communiqué de l'AIEA, la Corée du Nord a ordonné aux inspecteurs de l'agence onusienne d'enlever les scellés et caméras sur le site de Yongbyon et de quitter le pays aussi vite que possible. La Corée du Nord avait auparavant annoncé mardi qu'elle relancerait son programme nucléaire militaire et boycotterait les négociations sur le démantèlement de ses installations, à la suite de la déclaration non contraignante du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant lundi le récent tir de fusée nord-coréen et renforçant les sanctions contre Pyongyang. Le régime communiste nord-coréen a dénoncé la déclaration "injuste" et "en violation de la loi internationale" adoptée lundi soir par les 15 membres du Conseil de sécurité des Nations unies, dont la Chine qui possède pourtant un droit de veto et est le principal allié de Pyongyang. La Corée du Nord assure avoir mis en orbite un satellite de communication le 5 avril, dans le cadre de son programme spatial civil. Les Etats-Unis affirment que rien n'a été mis en orbite et qu'il s'agissait en réalité d'un test clandestin de tir de missile balistique intercontinental pouvant atteindre notamment le territoire américain. En vertu d'une résolution adoptée par le Conseil de sécurité de l'ONU en 2006, quelques jours après un essai nucléaire souterrain en Corée du Nord (9 octobre 2006), Pyongyang est interdit de toute activité potentiellement liée aux missiles balistiques. Or les fusées utilisées pour le lancement de satellites utilisent la même technologie que les missiles à longue portée, estiment Washington et d'autres pays. Le président américain Barack Obama a salué la déclaration du Conseil de sécurité, se félicitant du "message clair et uni" envoyé par les Nations unies, selon le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs. Le Conseil a également appelé à la poursuite des négociations entreprises à six (Corée du Nord, du Sud, USA, Japon, Chine et Russie) en 2003 en Chine et qui avaient abouti en 2007 à un accord sur le démantèlement des installations nord-coréennes en échange d'une aide. Après la déclaration de lundi soir, a déclaré le ministère nord-coréen des Affaires étrangères dans un communiqué, "l'existence des pourparlers à six a perdu tout sens". Pyongyang a donc décidé de s'en retirer et considère que les accords déjà conclus en sont rendus caducs. Pyongyang avait accepté en 2007 de démanteler son complexe de Yongbyon, au nord de la capitale, en contrepartie d'une aide énergétique équivalant à un million de tonnes de fioul lourd. Le démantèlement a commencé l'an dernier. En juin 2008, la Corée du Nord a procédé à la démolition d'une tour de refroidissement de son réacteur nucléaire de Yongbyon. Le démantèlement a cependant été suspendu un mois après, en raison d'un désaccord entre Pyongyang et Washington sur la vérification des 18.000 pages fournies sur les activités atomiques passées de la Corée du Nord. Les dernières discussions, en décembre, n'ont pas abouti. Mardi, Pyongyang a donc annoncé son intention de relancer ses installations nucléaires, faisant apparemment référence, entre autres, au réacteur destiné à la production de plutonium à Yongbyon. les experts internationaux estiment que le régime communiste dispose de suffisamment de plutonium pour produire environ une demi-douzaine de bombes atomiques. La Maison Blanche a appelé mardi la Corée du Nord à mettre un terme à ses "menaces" et "provocations", "respecter la volonté de la communauté internationale et honorer ses engagements et obligations internationales".