Le président du Conseil italien, Romano Prodi, est arrivé, hier à Alger, pour une visite de deux jours, laquelle est destinée, selon la partie italienne, à sceller un partenariat "stratégique" avec l'Algérie. Cette visite est la démonstration la plus évidente de l'affirmation par le gouvernement italien du caractère stratégique de la relation qui lie l'Italie à l'Algérie. Depuis la signature du traité d'amitié, de bon voisinage et de coopération, en janvier 2003 à l'occasion de la visite à Alger de l'ancien président Carlo Azeglio Ciampi, l'Algérie et l'Italie n'ont cessé de donner un contenu palpable à ces relations, comme en témoigne le volume des échanges sans cesse croissant entre les deux pays qui s'est élevé, durant les neuf premiers mois de l'année en cours, à 7,6 milliards de dollars, selon les chiffres de l'Institut du commerce italien. La diversification des échanges à laquelle appelle Alger et le rééquilibrage de la balance commerciale que souhaite Rome, devraient encourager les deux pays à developper leur coopération, estiment des opérateurs économiques transalpins qui font état de nombreuses possibilités d'investissement. Au menu des conversations de M. Prodi figurent notamment les questions énergétiques et la conclusion d'un "mémorandum" d'entente prévoyant un mécanisme financier d'aide au développement des PME en Algérie. L'Italie dont l'économie est largement fondée sur son réseau de PME, veut faire bénéficier l'Algérie de son expérience dans ce domaine. Selon l'ambassadeur d'Italie en Algérie, Giovanni Batista, la mission a été confiée à Simest, une agence financière de statut public, dont l'actionnaire de référence est une banque privée. Elle doit coopérer avec des organismes du ministre algérien des Finances. M. Prodi rencontrera aujourd'hui le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika. Les deux pays veulent, par ailleurs, accélérer la réalisation du gazoduc sous-marin Galsi devant relier vers 2009 l'Algérie à la Sardaigne. "J'espère que les travaux de construction du Galsi commenceront l'année prochaine", a dit l'ambassadeur d'Italie. Une délégation algérienne doit se rendre à Rome avant la fin de l'année en cours pour discuter des modalités de réalisation de cet ouvrage long de 940 kilomètres avec une capacité pour la compagnie de 8 milliards de m3/an. Elle doit également discuter de la possibilité pour la compagnie publique algérienne d'hydrocarbures Sonatrach de prendre des parts dans des projets de terminaux de regazéification comme elle l'a déjà fait en Grande-Bretagne et en Espagne. Les échanges commerciaux entre les deux pays, nettement en faveur de l'Algérie, doivent atteindre, selon les autorités italiennes, un volume de 10 milliards de dollars en 2006. Au cours des neuf premiers mois de l'année en cours, ils étaient de 7,6 milliards de dollars. Ils sont montés à 2,5 milliards de dollars en 1998. Les exportations algériennes sont constituées essentiellement d'hydrocarbures, notamment le gaz. L'Italie importe 98% de ses besoins en gaz. Les investissements directs italiens en Algérie s'élèvent en 2006 à 6 milliards de dollars, selon les statistiques italiennes. Ils ont doublé en 2005-2006 par rapport à la période précédente. Pour rééquilibrer ces échanges, l'Italie veut participer au processus de privatisation en cours en Algérie au "cas par cas", indique-t-on dans les milieux d'affaires italiens. L'accélération de la cadence de la coopération entre les deux pays a été, ces derniers temps, l'axe principal entre Alger et Rome caractérisé par la récente visite effectué par M. Mohamed Béjaoui, ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères en Italie. Les convergences de vue et d'intérêt maintes fois réitérées par les responsables des deux pays et dernièrement par M. Béjaoui à l'occasion de sa visite, en Italie, devraient donner à ces rapports la vitalité souhaitée, estime-t-on à Rome. "L'Algérie, est désireuse qu'une partie des investissements revienne à l'Italie qui bénéficie de préjugés favorables. Le cadre politique et juridique, traité d'amitié et protocole, existe, il faut passer maintenant à une étape plus conséquente", avait souligné dans ce sens, M. Béjaoui.