L'Algérie connaît, ces derniers temps, un ballet diplomatique des plus intenses. Au lendemain de l'arrivée de Nicolas Sarkozy, ministre français de l'Intérieur, c'est au tour de Romano Prodi, président du Conseil italien, de fouler le sol algérien en attendant les visites des ministres des Affaires étrangères allemand, Frank-Walter Steinmeier, et son homologue portugais, Luis Amado. Tandis que la gouverneure générale et commandant en chef du Canada, Mme Michaelle Jean, effectuera une visite officielle en Algérie du 19 au 22 novembre, à l'invitation du président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika. Ce qui est une première pour un chef d'Etat canadien en Algérie. Ce ballet diplomatique témoigne, ainsi, de l'intérêt qu'accordent les capitales européennes à l'Algérie dans les différents secteurs d'activité. La visite de deux jours de Romano Prodi, qualifiée d'ores et déjà de stratégique par les nombreux observateurs, a été précédée par un échange de visites officielles des membres des gouvernements des deux pays et qui s'est plus que jamais intensifié ces derniers temps. Le séjour à Alger du président du Conseil italien devra être sanctionné par la signature d'un mémorandum d'entente sur lequel les deux gouvernements, à travers leurs divers représentants respectifs, ont planché durant plusieurs mois, du fait que l'Algérie demeure pour l'Italie, indéniablement, un partenaire stratégique et incontournable dans sa nouvelle politique africaine. Au plan bilatéral, ce document devra définir et sceller, de manière précise et détaillée, les relations entre les deux pays dans une perspective d'avenir commun de par leur proximité géographique. La question de l'immigration clandestine sera également évoquée du fait que la visite de Romano Prodi intervient dans le cadre d'une tournée sur quatre pays du Bassin méditerranéen, à savoir le Maroc, la Tunisie, l'Egypte et l'Algérie. Cette tournée vise à confirmer l'intérêt porté par le gouvernement italien à la région, en plus de l'évaluation du développement des relations économiques et la préparation d'une série d'interventions pour mettre fin au flux d'immigrés clandestins. Sur ce point précis, certaines sources avancent l'idée éventuelle que le gouvernement italien oeuvre pour amener l'Union européenne (UE) à participer aux discussions autour des problèmes résultant de l'immigration clandestine, et propose de tenir un sommet entre l'Union européenne et l'Union africaine (UA) autour du même sujet. D'autant que Romano Prodi souhaite faire, de l'espace euro-méditerranéen, une zone de stabilité basée sur une mutuelle coopération. Au plan économique, la question énergétique, de portée stratégique aussi bien pour l'Italie que pour l'Europe, sera au coeur des concertations. En effet, l'Europe vit mal sa dépendance énergétique vis-à-vis, notamment de la Russie mais aussi de l'Algérie. Une occasion pour Romani Prodi et le ministre algérien des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, de dissiper tout malentendu engendré par l'accord signé le 3 août dernier entre Sonatrach et les deux compagnies russes Gazprom et Loukoil. A ce sujet, Bedjaoui a tenu à préciser qu'«il s'agit seulement d'accords entre les compagnies de deux pays producteurs. Il ne s'agit nullement de créer un cartel, comme cela a été supposé». De son côté, le président du Conseil italien s'est déclaré, quant à lui, disposé à étudier toutes les possibilités pour impulser des rapports prolifiques avec l'Algérie, notamment avec l'augmentation de la capacité du Transmed pour la porter de 24,5 milliards de m3/an à 31 milliards de m3/an en plus de la réalisation du second gazoduc Galsi qui reliera les deux pays via la Sardaigne. Cependant, en dépit du bon niveau des échanges entre les deux pays, ayant atteint au premier semestre de l'année, un montant de 5,3 milliards d'euros, l'Algérie attend davantage de l'Italie en termes de flux d'échanges et de coopération d'autant que de réelles opportunités existent pour aller de l'avant dans la consolidation des relations économiques avec le plan de relance économique engagé par l'Algérie. Il y a lieu de signaler que l'Italie est le deuxième exportateur de l'Algérie, après la France, et le second importateur, après les Etats-Unis. Dans cette optique, l'Algérie souhaite voir les compagnies italiennes prendre part, de manière réelle, à la relance économique de l'Algérie.