Le président du conseil italien, Romano Prodi, qui vient d'achever une visite de 24 heures en Algérie, a dû rentrer à Rome totalement rassuré au sujet de la disponibilité d'Alger à assurer à son pays une sécurité énergétique. Et pour longtemps. Pour cause, le chef du gouvernement de l'Italie repart avec, dans son escarcelle, cinq accords de coopération portant sur la commercialisation du gaz entre Sonatrach et les entreprises de son pays, de nature à dissiper tous les malentendus quant à l'intention prêtée à la compagnie nationale de constituer un cartel du gaz avec le géant russe Gazprom. « Je suis sûr que nos doutes à ce sujet vont être dissipés après nos entretiens avec nos interlocuteurs algériens ». Cette déclaration de M. Prodi faite à notre confrère Al Khabar est désormais une réalité. L'Algérie, non seulement, n'a pas l'intention de lâcher son partenaire stratégique traditionnel, l'Italie, mais plus encore, elle est disposée à aller le plus loin possible dans la coopération avec lui. « Je voudrais, également, rassurer de mon entière disponibilité à saisir l'opportunité de sa visite en Algérie (M. Prodi) pour approfondir, de manière substantielle, les relations traditionnelles de concertation politique entre nos deux pays sur toutes les questions d'intérêt commun et réfléchir ensemble sur les voies et moyens de donner sa pleine signification au Traité d'amitié, de coopération et de bon voisinage conclu entre nos deux pays en janvier 2003. » Le président Bouteflika a déjà déroulé le tapis rouge à son invité à la veille de sa visite sur les colonnes de la Corriéra de la Sierra. Bouteflika à Prodi : « C'est promis ! » Pour le chef de l'Etat, l'Italie est un partenaire « très important pour l'Algérie et nous souhaitons aller le plus loin possible dans nos relations économiques à travers la mise en place d'un partenariat stratégique et mutuellement bénéfique qui offrira, assurément, aux entreprises italiennes une place de choix et une présence effective et durable dans l'espace économique algérien ainsi qu'une participation plus grande dans l'effort de développement national. Bouteflika en veut d'autant plus qu'il n'y a « aucun contentieux » entre l'Algérie et l'Italie et, à ce titre, il a exprimé à son « ami » Prodi toute sa disponibilité « à ne ménager aucun effort pour assurer à sa visite le succès ». Le chef du gouvernement, dont c'est la première visite en Algérie depuis sa prise de pouvoir, ne pouvait espérer mieux, lui qui affirmait souhaiter un « approvisionnement garanti, des prix fermes et avoir une capacité d'anticipation pour ce qui est des imprévus et un marché énergétique équilibré ». En l'occurrence, la signature, hier, à Alger en présence de MM. Bouteflika et Prodi, des cinq accords par le PDG de la compagnie pétrolière algérienne Sonatrach, Mohamed Meziane et les représentants de cinq compagnies italiennes spécialisées dans la commercialisation du gaz, devrait gonfler considérablement le moral de M. Prodi sans doute préoccupé par cette Opep de Gaz annoncée à tort ou à raison entre l'Algérie et la Russie dans le sillage de la signature en août dernier à Moscou, de l'accord entre Sonatrach et Gazprom. Concrètement, ces cinq accords portant sur la commercialisation de 8 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an ont été signés d'après le PDG de Sonatrach avec ses homologues italiennes Enel, Edison, World Energy, Hera et Ascopiav et qui seront répartis, sur la base de 2 milliards de mètres cubes chacune. Des accords devant servir de prélude à la réalisation du gazoduc algéro-italien à travers la Sardaigne inscrit comme objectif stratégique de la coopération énergétique entre les deux pays. Sur un autre plan, la visite de M. Prodi a été couronnée par la signature d'un mémorandum d'entente sur la Petite et moyenne entreprises (PME) d'après un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Ce document, lit-on, « définit le cadre général pour soutenir et promouvoir la coopération algéro-italienne dans le domaine de la PME et prévoit les instruments et programmes nécessaires pour atteindre les objectifs souhaités par les deux parties ». Aussi, deux autres documents ont été également signés d'après le MAE. Il s'agit d'un protocole exécutif de l'accord bilatéral de coopération technologique pour les années 2006-2007, conclu à Alger le 3 juin 2002, prévoyant un programme de coopération scientifique entre les universités et centres de recherche des deux pays et un accord sur la création d'une école italienne à Alger. Mais entre l'Italie et l'Algérie, la coopération ne devrait pas uniquement sentir l'odeur du gaz. Le président de la République, qui s'est félicité lors d'un dîner offert à son hôte, de ce que l'Italie soit « le premier client européen et le second dans le monde de l'Algérie », souhaite faire de ce pays un premier partenaire économique de l'Algérie. Le président Bouteflika n'a pas manqué de solliciter une sorte de renvoi d'ascenseur en notant que les entreprises italiennes sont « encore assez timidement » présentes sur le marché algérien. « Le moment est venu de faire pleinement jouer aux secteurs, autres que l'énergie, un rôle plus important dans la croissance des relations économiques entre nos deux pays. » Le président du conseil Italien qui a qualifié les relations entre son pays et l'Algérie de « très, très bonnes » et « très, très fortes » s'est tout de même plaint du fait que la balance commerciale de l'Italie avec l'Algérie « souffre d'un grand déséquilibre », manière à lui de réclamer un peu d'argent aux entreprises de son pays dans les programmes d'investissement en Algérie. Un souhait qui n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd puisque le président Bouteflika a rassuré son hôte que « le gouvernement algérien s'engage à inscrire les compagnies italiennes dans le vaste programme de relance économique ». « Je tiens à témoigner toute ma reconnaissance à son Excellence le président Bouteflika », a commenté Romano Prodi. Voilà qui met l'Algérie et l'Italie sur la même longueur d'ondes.