Comme annoncé déjà, la Bibliothèque numérique mondiale, un projet lancé par l'Unesco depuis 2005, sera inaugurée aujourd'hui au centre de l'institution onusienne à Paris. Une excellente nouvelle pour tous les chercheurs du savoir qui ont désormais accés à des milliers de documents de façon ininterrompue et gracieuse. Le savoir se démocratise et tant mieux ! Lancée en 2005 à l'initiative de l'Unesco et de plusieurs grandes bibliothèques dans le monde, en partenariat avec le Congrès des Etats-Unis, la Bibliothèque numérique totalise 32 institutions partenaires qui ont participé à l'élaboration de cet espace virtuel. Accessible à l'adresse www.worlddigitallibrary.org, les internautes auront accès librement et gratuitement à une collection de ressources numérisées de partout dans le monde : des manuscrits, cartes, livres, enregistrements sonores, illustrations, films, photographies… Les internautes pourront aussi voir quelques raretés, comme des manuscrits scientifiques arabes issus de la Bibliothèque nationale et des archives d'Egypte, le Hyakumanto darani, un parchemin datant de l'an 764 détenu par la Bibliothèque du Parlement japonais, la " Bible du diable " datée du XIIIe siècle venant de la Bibliothèque royale de Stockholm, ou encore des calligraphies arabes, persanes et turques, issues de la Bibliothèque du Congrès. L'interface sera accessible en sept langues : français, anglais, arabe, chinois, espagnol, portugais et russe. La Bibliothèque proposera des contenus dans diverses langues. Il sera possible d'effectuer des recherches par critères. Pour chaque document, on pourra trouver des descriptions et des vidéos de conservateurs qui permettront de placer les ressources dans leur contexte. Cette Bibliothèque numérique mondiale s'adresse au grand public, mais aussi plus particulièrement aux enseignants, élèves et étudiants. Ils y trouveront de nombreux documents qu'ils pourront ensuite exploiter de façon pédagogique et pourront en apprendre plus sur le patrimoine culturel des différents pays. Avec la BNM, l'Unesco entend promouvoir les valeurs qu'elle défend, comme la diversité linguistique et la compréhension entre les cultures, mais aussi réduire "la fracture numérique" entre les peuples.L'Organisation des nations unies pour l'éducation et la culture a toujours considéré les bibliothèques comme la continuation de l'école. "L'école prépare les gens à aller à la bibliothèque et aujourd'hui les bibliothèques deviennent numériques", résume le Tunisien Abdelaziz Abid, coordonnateur du projet. Le lancement se fera au siège parisien de l'Organisation, en présence du directeur général de l'Unesco, le Japonais Koichiro Matsuura, et de James H. Billington, directeur de la Bibliothèque du Congrès américain, à l'origine du projet."Tout contenu est fourni à titre non exclusif. Les organisations peuvent proposer les mêmes à d'autres bibliothèques, chacun restant propriétaire de ses contenus et souverain", souligne le coordonnateur de l'Unesco. Des bibliothèques nationales et institutions culturelles de pays comme l'Arabie Saoudite, le Brésil, la Chine, l'Egypte, les Etats-Unis, la France, le Japon, le Royaume-Uni ou la Russie comptent parmi les premiers contributeurs. Mais les initiateurs du projet se sont aussi assurés du partenariat de pays comme le Maroc, l'Ouganda, le Qatar, le Mexique ou la Slovaquie, pour créer un phénomène d'entraînement. "Des pays émergents veulent voir comment ça marche pour créer par la suite des bibliothèques numériques chez eux", note Abdelaziz Abid en précisant que l'Unesco fournira une aide à ses membres qui n'ont pas les moyens techniques ou financiers de numériser des contenus. Avec le lancement mardi de la Bibliothèque numérique mondiale (BNM) gratuite, James Billington, ancien professeur d'Histoire à l'Université de Harvard, voit se concrétiser sa vision d'un accès universel au savoir et au patrimoine culturel de l'humanité. "Nous espérons que la BNM va accroître la compréhension internationale ainsi que la curiosité du monde dans lequel nous vivons pour les merveilles culturelles de l'humanité", explique-t-il. Bien que loin d'être encore mondialement représentatif, le lancement de ce nouvel outil du savoir universel va attirer davantage de partenaires et de financements, espère le professeur Billington. Rachida Couri