John Holmes, le secrétaire général adjoint de l'ONU chargé des Affaires humanitaires, a entamé, hier, une mission de trois jours au Sri Lanka, où au moins 50.000 civils sont toujours pris au piège entre combattants et menacés de famine dans la zone de guerre du nord du pays. John Holmes espère convaincre Colombo de suspendre son offensive visant à éradiquer définitivement la guérilla tamoule et de permettre l'entrée d'humanitaires dans la zone du conflit. Après des mois de combats dans cette zone, interdite aux humanitaires et journalistes, plus de 110.000 civils ont commencé à fuir le dernier réduit, sur la côte, où ils sont pris au piège entre les forces gouvernementales et les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE). Parmi eux, de très nombreux blessés, alors que selon l'ONU les derniers semaines de guerre ont coûté la vie à 6.500 civils. Les civils y souffrent également de pénuries de vivres, d'eau potable et de matériel médical, a expliqué John Holmes samedi, en route pour le Sri Lanka. "Leur situation est terrible, c'est pourquoi nous devons trouver un moyen d'arrêter les combats et de les sortir de là, pour pouvoir nous occuper d'eux correctement". Il a dit espérer pouvoir envoyer d'ici deux ou trois jours une mission préliminaire d'évaluation, "mais pour cela, il faut qu'il y ait une sorte de pause dans les combats". Selon John Holmes, le gouvernement hésite à suspendre l'offensive, craignant que la guérilla n'exploite la situation. John Holmes compte également réclamer la libération immédiate de 15 personnes de l'ONU, détenus dans des camps gouvernementaux depuis qu'ils ont fui la zone de conflit. Les Tigres tamouls, dans un communiqué, ont accusé le gouvernement de Colombo d'organiser la pénurie dont souffrent les civils: ces derniers vivent une "crise grave en raison du refus délibéré de vivres et autres fournitures humanitaires de la part du gouvernement sri-lankais". "Les stocks en baisse et la volonté délibérée de retenir l'approvisionnement a rendu la famine imminente", ajoute le communiqué. De son côté, Colombo accuse les LTTE de se servir de la population comme boucliers humains.