Les rencontres du printemps du FMI et de la Banque mondiale ont tourné fondamentalement autour des aspects de la crise financière, à savoir l'impact et les éventuelles solutions, a déclaré, hier, le ministre des Finances, M. Karim Djoudi, à partir de Washington. Evoquant le cas de l'Algérie face à la crise qui fait des ravages de par le monde, il a précisé, encore une fois, que "nous ne sommes pas touchés, par l'impact du développement des actifs toxiques, puisque nos banques et nos réserves de change ne sont pas présentes sur ces actifs toxiques, donc nous ne sommes pas touchés par cet aspect " et d'expliquer que "nous sommes par contre touchés à la fois par la baisse des revenus pétroliers et par les rendements sur nos réserves de change, par le fait que les taux d'intérêt ont baissé". Toutefois, il a affirmé qu' "il est reconnu par les institutions internationales que des mesures ont été prises par les pouvoirs publics en terme de renforcement des réserves de change et ce, en matière de gestion en actifs sécurisés et en actifs d'Etat". Le premier responsable du secteur des finances a relevé, dans ce même contexte le fait d'avoir réduit fortement l'endettement extérieur. "Nous avons évité trois risques qui sont des risques essentiels dans la crise économique. Ils se situent dans l'instabilité du taux de change, des risques en termes de liquidités et du taux d'intérêt" a-t-il dit. Il a évoqué également le fait d'avoir constitué une épargne publique qui permet d'avoir une visibilité à moyen terme et d'avoir par décision du président de la République financé par des ressources propres le développement économique de l'Algérie. " Ceci fait qu'à court et moyen termes, nous avons une fenêtre d'opportunité pour pouvoir consolider notre programme de développement économique et atténuer les effets de la crise économique et financière sur notre pays", a-t-il indiqué. Pour ce qui est la croissance de l'économie nationale, il existe deux taux importants à connaître. Il s'agit en l'occurrence de la croissance globale, qui intègre à la fois la croissance dans le secteur des hydrocarbures et en dehors de ce secteur. Cette dernière, qui participe à la création de l'emploi, a fait que le taux de chômage soit réduit à 11,3%. "L'enjeu pour notre économie est de conserver le taux de croissance actuel et ce, à travers la confirmation du programme de la relance économique 2010/2014, avec un montant de 150 milliards de dollars sur l'ensemble des secteurs d'activité". Ce qui veut dire qu'"il faut assurer la stabilité macroéconomique du pays". Revenant sur le contexte de la crise, il a souligné qu' " il faut savoir que nous sommes à la fois dans une situation de crise économique qui a précédé la crise financière et maintenant on se retrouve dans une crise du système". D'après lui, ce que subissent les pays du G24, c'est des tensions à la fois dans les financements et dans les transferts. Ce sont des difficultés à pouvoir assurer le développement de leurs économies dans une situation de forte tension financière. Le Fonds monétaire international et les institutions internationales ont développé un certain nombre d'activités à court terme pour permettre d'améliorer le financement de ces économies, mais les tensions s'aggravent. Les hypothèses qui sont retenues par le FMI font que la situation en 2009 devrait être fortement tendue avec une forte décroissance de l'activité économique. Sur le premier trimestre 2010, les hypothèses du FMI sont une reprise de l'activité économique, et cela dépendra de la manière dont sera traité le système financier international. La crise telle que nous la vivons aujourd'hui est une crise qui a débuté par une forte baisse de l'activité économique et cette dernière a été renforcée par la crise financière. Ces deux éléments sont accompagnés d'une crise de système, autrement dit "on n'a pas de solutions adéquates au niveau international pour faire face à cette crise" estime M. Djoudi. Le premier train de réponses des participants à la réunion a porté, selon le ministre, " sur la relance de la demande, la réduction de la pression fiscale, et des mesures de contrôle ". Aujourd'hui, l'enjeu pour les institutions internationales est de savoir exactement ce qu'il y a dans le bilan des grandes banques internationales et la manière dont ce traitement s'opèrera. " Si les institutions internationales et les grands pays mettent du temps à identifier les actifs et les pertes potentiels enregistrées dans le bilan des différentes banques, ceci devrait se traduire par un délai encore plus lent pour pouvoir sortir du processus de décroissance de l'activité économique " a-t-il conclu. Nassima Bensalem