Les très petites entreprises (TPE), artisans, commerçants et prestataires de services indépendants, résistent mieux à la crise que certains groupes de plus grande envergure. Ainsi, les entreprises de terrassement et travaux publics sont les TPE qui enregistrent le plus fort accroissement de chiffre d'affaires en 2008, soit + 8,7 %, selon l'enquête réalisée par la Fédération des centres de gestion agréés (FCGA) publiée jeudi 30 avril. Une progression étonnante dans une industrie pourtant particulièrement malmenée par la crise, puisque, selon la Fédération nationale des travaux publics (FNTP), les facturations émises par les entreprises du secteur ont progressé de seulement 1,4 %. "Contrairement aux grosses structures, lourdes, figées dans des processus normalisés, les petites entreprises sont très réactives et s'adaptent rapidement aux changements qui affectent leur environnement", explique Christiane Company, présidente de la FCGA. Les artisans du bâtiment semblent ne pas ressentir la crise. L'activité des plombiers-chauffagistes a crû de 7,7 % en 2008, celle des électriciens de 5,9 %, celle des menuisiers de 4,7 %. Les carnets de commandes ont parfois diminué. Mais, dans des métiers comme la plomberie, où la demande est très forte, où certains clients devaient parfois attendre plus d'un an pour obtenir satisfaction, cette baisse des commandes n'affecte pas le niveau d'activité, explique François Moutot, directeur général de l'Assemblée permanente des chambres de métiers et de l'artisanat (APCM). La souplesse des structures légères permet de meilleures réponses. "Les artisans spécialisés dans la réparation et la rénovation ne sont pas affectés. En revanche, ceux qui travaillaient en sous-traitance pour des constructeurs de pavillons sont très touchés", nuance François Moutot, de l'Assemblée permanente des chambres de métiers et de l'artisanat (APCM). Car les ménages ont la trésorerie pour entretenir, voire améliorer leur logement, mais ne peuvent ou ne veulent financer un achat de pavillon à crédit en cette période de conjoncture incertaine. Les commerces alimentaires de proximité tirent bien leur épingle du jeu. Leur chiffre d'affaires a augmenté de 2 % en 2008, soit légèrement plus qu'en 2007 (par rapport à 2006), selon l'enquête de la FCGA. "La crise semble affecter plus fortement les rayons boucherie des supermarchés que les artisans bouchers, observe François Moutot. Elle génère un besoin de lien social", analyse ce spécialiste. Elle rendrait aussi les consommateurs plus anxieux et donc plutôt à la recherche de commerçants qui les rassurent, en qui ils ont confiance. Globalement, depuis le début de l'année, "il n'y a pas plus d'entreprises artisanales en difficulté que durant les années précédentes, et pas plus d'entreprises radiées", observe M. Moutot, à partir des données de l'observatoire de l'APCM, basées sur l'analyse de 470 000 entreprises, soit la moitié des sociétés adhérentes. Celles-ci n'auraient d'ailleurs pas de difficulté à obtenir des prêts à l'investissement ou pour acheter de nouveaux équipements, affirme M. Moutot. En revanche, "les artisans rencontrent des problèmes de trésorerie. Ils ont du mal à négocier des facilités de caisse auprès de leurs agences bancaires, qui sont plus regardantes." Une question suivie de près par l'APCM et par chaque chambre de métiers et d'artisanat (CMA), qui relaient les problèmes des artisans auprès du médiateur du crédit. Si les TPE se ressentent moins de la crise, elles ne sont pas épargnées pour autant. Toutes activités confondues, le chiffre d'affaires des TPE n'a progressé que de 0,6 % en 2008. Car, aux côtés de secteurs peu touchés, d'autres souffrent. Les agences immobilières sont les plus affectées ; leur chiffre d'affaires a chuté de 14,6 % en 2008. Un effondrement qui survient, certes, après des années de croissance euphorique. Les ventes baissent (- 5,7 % en 2008, selon la FCGA) dans les magasins de vente et réparation de motos, alors qu'elles augmentent (+ 5,2 %) dans les commerces de vente et réparations de cycles et scooters. Et alors que la crise semble profiter au petit commerce alimentaire, elle touche en revanche négativement d'autres secteurs. Ainsi, les magasins de bricolage voient leur chiffre d'affaires baisser de 9,6 % en raison de la concurrence des chaînes spécialisées et de la grande distribution. Il en est de même pour le commerce de vêtements ou les maroquiniers. Les TPE du transport sont aussi diversement affectées : celles qui travaillent essentiellement pour des entreprises sont touchées de plein fouet.