Près trois ans et demi de discussions, Porsche et Volkswagen (VW) ont annoncé, leur intention de fusionner. Etranglé par sa dette, le fabricant allemand de voitures de sport renonce à absorber son compatriote, le premier constructeur européen, et consent à un rapprochement plus équilibré. La décision a été prise par les actionnaires familiaux après de vives discussions au cours d'une réunion à Salzbourg (Autriche). Il s'agit maintenant de constituer un groupe intégré. Sous un même toit et une même direction, le nouvel ensemble rassemblera les neuf marques de VW (VW, Audi, Seat, Skoda...) et Porsche. Porsche, qui détient 51 % de VW, renonce donc, comme il l'envisageait dans un premier temps, à faire grimper sa participation à 75 %. Entre-temps, sa dette a explosé, atteignant 9 milliards d'euros. A court de liquidités, il lui fallait trouver d'urgence une porte de sortie. Le nouvel ensemble mis sur pied, Porsche pourrait décider de procéder à une augmentation de capital. Un groupe de travail doit rendre ses conclusions d'ici un mois. Une solution consiste à faire entrer au capital de nouveaux actionnaires. L'émir du Qatar a déjà fait part de son intérêt. Il n'est plus question d'une OPA inversée, c'est-à-dire d'une prise de contrôle de Porsche par VW. Le scénario, évoqué par la presse allemande, était attribué à Ferdinand Piëch, actionnaire de Porsche, mais surtout président du conseil de surveillance et ancien patron de VW. De fait, il n'a jamais fait secret de son ambition : bâtir un empire automobile dont la gamme varierait du poids lourd à la voiture de sport et dont le pouvoir se trouverait à Wolfsbourg, le siège de VW. Mais l'option avait été écartée par le cousin de M. Piëch, Wolfgang Porsche, président du conseil de surveillance de la marque de voitures de sport. Suspendues à ces luttes de pouvoir familiales, nombre de questions demeurent ouvertes : les centres de décision de ce futur géant automobile se trouveront-ils à Stuttgart, siège de Porsche, ou à Wolfsbourg ? Qui tiendra la barre ? La position de l'actuel président de Porsche, Wendelin Wiedeking, semble fragilisée. Il est peu apprécié par Ferdinand Piëch, qui l'accuse à mots couverts d'avoir dirigé VW à la manière d'un hedge fund. M. Wiedeking s'est aussi attiré l'inimitié des représentants des salariés pour avoir fustigé à voix haute le sacro-saint modèle de la cogestion, en vigueur chez Volkswagen. Les déboires financiers que traverse Porsche pourraient-ils lui faire perdre son principal soutien au sein de la famille actionnaire, Wolfgang Porsche ? Son éviction - pour l'heure démentie - laisserait la voie libre au président de VW, Martin Winterkorn. Reste à savoir comment faire fonctionner ce nouveau colosse sur le plan industriel et social. Le pari s'annonce audacieux.