Le constructeur automobile français Renault a réuni hier son conseil d'administration pour se pencher sur une alliance stratégique avec l'allemand Daimler, qui pourrait déboucher sur un partenariat dans les petites voitures et un échange de participation. L'objectif pour Daimler est de réaliser des économies d'échelle. La maison-mère de Mercedes perd de l'argent depuis longtemps sur tous ses petits modèles : les Smart, les classes A et B. Or les petites voitures, c'est de plus en plus la spécialité de Renault. Il est notamment question d'une plate-forme commune, peut-être en Slovénie, qui produirait à la fois la Twingo de Renault et la future Smart à quatre places. Quant à Renault qui n'est pas au mieux de sa forme, il en profite pour sceller une alliance durable et prestigieuse avec son partenaire allemand. Le Français et son allié japonais Nissan revendiquent la troisième place mondiale des constructeurs automobiles. Daimler, qui produit les Mercedes et les Smart, se situe au delà de la dixième place. Les ventes cumulées des trois constructeurs représentent 7,2 millions de voitures. L'échange de participations entre les constructeurs se situerait à "un niveau symbolique, de l'ordre de 3%", selon Le Figaro et Les Echos. Le PDG de Renault, Carlos Ghosn, évoque depuis plusieurs mois des "discussions" avec de nombreux partenaires, dont Daimler, sur des questions "d'échelle, de co-investissements, de partage de technologie" selon le Figaro. De son côté, le patron de Daimler avait estimé qu'il ne voyait "pas d'obstacle fondamental" à un accord. Renault veut croître et Daimler, trop petit pour dégager des économies d'échelle, cherche un partenaire. Le constructeur allemand a notamment un besoin crucial de développer de petits modèles, avec des volumes importants pour être rentables, à l'image de la citadine Twingo pour Renault. Un tel partenariat permettrait aux constructeurs français et allemand d'augmenter leur volume de ventes de voitures tout en réduisant leurs coûts. Des experts allemands affirment ainsi que la coopération avec Renault pourrait faire économiser environ 600 millions d'euros à Daimler dans le secteur du développement. Le rapprochement en préparation des constructeurs automobiles Renault, Nissan et Daimler marquerait une nouvelle étape dans la recomposition d'un secteur automobile en plein bouleversement dans le contexte de la crise. Derrière le japonais Toyota, numéro un mondial et qui se tient à l'écart de la valse des rachats, des géants automobiles, notamment européens, ont noué ces derniers mois des partenariats pour mieux résister à la baisse des ventes et atteindre une taille suffisante. L'opération la plus spectaculaire est sans doute celle qui a vu l'italien Fiat, jugé trop petit par les experts, prendre le contrôle d'un des fleurons de l'industrie américaine, Chrysler, balayé par la crise. Fiat en détient pour le moment 20 % et a la possibilité de monter à 35 %. Le directeur général de Fiat, Sergio Marchionne, a récemment indiqué que Fiat arriverait à 35 % de Chrysler "dans les vingt-quatre prochains mois". Autre opération emblématique : la fusion entre les allemands Volkswagen, leader européen, et Porsche, spécialiste des voitures de luxe, décidée l'été dernier après plusieurs mois de très vives tensions entre les actionnaires. Volkswagen détient 49,9 % de Porsche AG, qu'il entend acquérir entièrement d'ici à 2011 et qui viendra s'ajouter à ses neuf marques existantes. Volkswagen, qui rêve de prendre la première place mondiale d'ici quelques années, a également acquis début décembre 19,9 % du japonais Suzuki, spécialisé dans les petites voitures et très présent sur le marché indien. La consolidation du secteur a aussi touché certaines marques cédées par des grands groupes. Le suédois Saab a ainsi été vendu par le groupe américain General Motors (GM) au néerlandais Spyker, constructeur de voitures sportives de luxe. Dernière acquisition en date, l'autre marque suédoise, Volvo Cars, a été vendue fin mars par l'américain Ford au groupe chinois Geely. En revanche, GM a décidé en novembre de conserver sa filiale européenne Opel/Vauxhall, qu'il avait envisagé de céder au canadien Magna, associé à la banque russe Sberbank. Certaines opérations ont échoué, comme fin février le projet de rachat de Hummer, la filiale de 4x4 de GM, par le chinois Tengzhong. GM a prévu de fermer Hummer, après avoir déjà arrêté ses marques Saturn et Pontiac. Enfin, le français PSA Peugeot Citroën et le japonais Mistubishi Motors ont aussi annoncé début mars l'arrêt de leurs discussions en vue d'un échange de participations, tout en poursuivant leurs coopérations industrielles.