Les pays du Sud transfèrent, chaque année, au profit des pays du Nord, l'équivalent de 10 milliards de dollars. L'Occident importe à bas prix des matières premières, attire et débauche presque des milliers de jeunes compétences. Cela a en quelque sorte provoqué un certain déséquilibre au niveau des échanges (dépréciation des monnaies, compétitivité artificielle…etc), notamment avec les pays maghrébins, à expliqué M. Hadj Nacer ancien gouverneur de la Banque centrale d'Algérie (BCA), lors de son intervention au colloque "Tunisie - Maghreb - Europe, quelles réponses communes à la crise économique ?" M. Hadj Nacer était aussi invité par la revue l'Economiste maghrébin ( repris par le journal électronique webmanagercenter). Le conférencier étaye ses dires en s'appuyant sur des exemples illustratifs, et préconise toutefois de réfléchir à établir une véritable solidarité régionale. Dans son plaidoyer, il dira que la tendance des jeunes qui suivent des études à l'étranger, même ceux qui ont un patrimoine juteux dans leur pays d'origine, ne veulent pas retourner au bercail. C'est pour dire que l'emprise étrangère sur ces jeunes est, désormais, structurelle, voire totale. Même les investissements directs occidentaux dans les pays du Sud de la Méditerranée profitent plus aux maisons mères qu'aux entreprises locales. Idem pour les IDE en Tunisie. Quand certains disent que l'offshore assure plus de 70% des exportations, il faut comprendre que 80% des recettes de ces exportations reviennent aux donneurs d'ordre occidentaux contre des miettes qui reviennent aux sous-traitants locaux (10 à 20%).. Dans cette optique d'engraissement et d'enrichissement de l'Occident, s'inscrit également la dépréciation des monnaies nationales sud-méditerranéennes. Cette dépréciation dope les exportations locales et leur confère une compétitivité artificielle sur les marchés extérieurs. Conséquence : en fonction d'une parité en faveur des fortes devises (euro, dollar), les Européens achètent, à prix bradés, nos meilleurs produits (oranges, dattes, huile d'olive, vin, séjours touristiques …), tandis que les Sud-méditerranéens achètent à prix élevé les produits manufacturés européens (avions, voitures, biens d'équipement….). Pour le cas de la Tunisie, il n'est pas besoin de signaler que le trend baissier du dinar, au regard des glissements qu'il a connus trois décennies durant, a même tendance à devenir structurel. Depuis 2001, le dinar s'est déprécié par rapport à la monnaie européenne (euro) à un rythme moyen de 5% par an, avec une pointe de 8,6% en 2003. Pour mettre fin à ces échanges déséquilibrés, M. Hadj Nacer propose aux Maghrébins et aux Sud-méditerranéens de réfléchir sur les moyens de "maintenir, chez eux, leurs jeunes compétences et une partie des richesses qu'ils exportent vers les pays du Nord". Le conférencier s'est prononcé pour un partenariat équilibré et a appelé à dépasser la principale difficulté, en l'occurrence l'absence d'une intégration régionale, d'où l'enjeu de commencer par établir une véritable solidarité régionale et de réinventer les business-modèles de la zone Maghreb en général. Synthèse Samira H.