La coalition sortante dirigée par le Parti du Congrès et les opposants nationalistes hindous se sont lancés dans la course aux alliances après l'issue indécise des élections législatives. Les opérations électorales étalées sur un mois se sont achevées mercredi et les résultats officiels devraient être proclamés samedi pour l'attribution des 543 sièges à pourvoir. Pour l'heure, les sondages de sortie des urnes accordent une légère avance au Parti du Congrès et ses alliés, mais loin de la majorité absolue au Parlement. La principale formation communiste indienne, considérée comme un acteur clé des tractations à venir, a fait savoir qu'elle ferait tout son possible pour empêcher l'accession au pouvoir du parti nationaliste hindou Bharatiya Janata (BJP), qui aurait gagné du terrain par rapport aux élections de 2004. "Les partis de gauche et nos alliés du Troisième Front ne donneront pas au BJP l'occasion d'exploiter la situation post-électorale pour s'installer au pouvoir", a déclaré Prakash Karat, le chef du Parti communiste (marxiste) indien, au journal The Economic Times. La gauche a toujours vu le BJP, favorable aux milieux d'affaires, comme un parti religieux extrémiste. "Il y a aussi bien sûr la possibilité que le prochain gouvernement soit trop faible pour s'inscrire dans la durée", souligne The Economic Times. Ce scénario réduit la marge de manoeuvre dont pourra disposer le futur gouvernement indien afin de mener à bien des réformes économiques, notamment des privatisations et le relèvement du plafond des investissements étrangers dans le secteur des assurances. "Si l'avance du Congrès avait été plus importante, les marchés l'auraient interprété comme un bon signe", a commenté Gajendra Nagpal, directeur exécutif d'Unicon Financial Intermediaries. "Mais cette avance étant maigre, les marchés risquent de s'inquiéter et d'anticiper l'imminence de problèmes", a-t-il ajouté. Les sondages de sortie des urnes en Inde n'ont pas toujours été confirmés par la suite. En 2004, la plupart avaient prédit la victoire du BJP mais ce dernier avait perdu l'élection. Pour pouvoir gouverner, le Parti du Congrès ou le BJP doivent réunir une majorité de 272 sièges à la Chambre du peuple, la chambre basse du Parlement. Selon plusieurs politologues, les deux partis ont déjà une idée claire des formations qu'ils comptent essayer de s'allier. "Les plans sont prêts", affirme l'un d'eux, Prem Shankar Jha. "Devenir Premier ministre d'un gouvernement dirigé par le Congrès, pour (le Premier ministre sortant) Manmohan Singh ou toute autre personne qui le souhaiterait, sera impossible sans le soutien de la gauche", a souligné Mahesh Rangarajan, politologue, à la chaîne de télévision Times Now TV. "Cela ne se fera pas non plus sans le soutien d'autres partis, qui ont quitté la coalition ou qui n'en ont jamais fait partie", a-t-il ajouté. Les communistes ont soutenu pendant quatre ans la coalition dirigée par le Parti du Congrès avant de claquer la porte l'an dernier en réaction à la conclusion avec les Etats-Unis d'un accord sur le nucléaire civil. Depuis, ils ont toujours exclu d'intégrer une nouvelle coalition. Mais les sondages suggèrent un recul du Parti communiste, crédité de 37 sièges contre 60 en 2004. "Afin d'empêcher l'arrivée au pouvoir du BJP, ils préfèreraient faire alliance avec le Congrès. C'est une position pragmatique et légitime", déclare l'analyste Pran Chopra. R.I