La confrontation redoutée entre le président américain, Barack Obama, et le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, n'a pas eu lieu lors de leur rencontre lundi à Washington. Mais les changements de ton et de politique de la Maison Blanche ne sont pas passés inaperçus en Israël. Le style du président américain, à la limite de la froideur, a été comparé aux effusions amicales de ses prédécesseurs en pareille circonstance. "Contrairement à Bush et Clinton qui ne rataient pas une occasion de se présenter comme des amis d'Israël, Obama n'a pas de sentiment personnel pour l'Etat hébreu", souligne Eytan Gilboa, professeur de sciences politiques à l'université de Bar-Ilan et spécialiste des relations israélo-américaines. "Nétanyahou et la délégation israélienne n'ont pas reçu de traitement spécial à Washington comme d'habitude, et Obama a tout fait pour, au moins aux yeux du public, donner l'impression qu'il se distanciait d'Israël", ajoute-t-il. Sur le fond aussi, les déclarations sans détour d'Obama ont été remarquées. Lors de sa conférence de presse commune avec Nétanyahou, le président américain n'a en effet pas hésité à sortir des formules consensuelles des sommets américano-israéliens. "Obama a douché Nétanyahou avec "deux Etats", une formule qu'il a employée trois fois, il a mentionné la feuille de route, et même Annapolis, qui grâce à Avigdor Lieberman a été mentionné deux fois [le ministre des Affaires étrangères israélien a affirmé qu'Israël n'était pas lié par les négociations relancées fin 2007 à la conférence d'Annapolis, ndlr]. Il a parlé de geler les colonies, de la situation humanitaire à Gaza, de tout. Il n'a rien épargné à Nétanyahou", insiste souligne Ben Caspit, éditorialiste à Maariv. L'insistance d'Obama sur le dossier des colonies israéliennes, dont le président américain a exigé le gel, est perçue comme le principal changement à attendre de l'administration américaine à l'égard d'Israël. "L'administration Obama a placé le problème des colonies parmi ses priorités de politique étrangère, dans une tentative apparente de se rapprocher du monde arabo-musulman. Si Nétanyahou s'engage à ne pas construire de nouvelles colonies et ne tient pas ses engagements, il y aura une confrontation. L'argument utilisé avec George W. Bush selon lequel il s'agit de l'extension de colonies existantes ne sera pas accepté", estime Mark Heller, spécialiste du processus de paix israélo-palestinien. Les engagements du président américain de ne pas continuer "indéfiniment" les discussions avec l'Iran et de "réévaluer" la situation à la fin de l'année ont en revanche été portés au crédit de Nétanyahou. En effet le nouveau chef du gouvernement israélien a fait de la lutte contre le programme nucléaire iranien sa priorité de politique étrangère. "Même si aucune date butoir précise n'a été avancée, c'est la première fois que j'entends un président américain donner autant de précisions sur la possibilité d'une réévaluation de la politique américaine si la diplomatie échoue", souligne Eytan Gilboa.