Docteur Abderrahmane Mebtoul, Professeur d'Université Or je précise qu'aucun pays n'a obligé l'Algérie à signer cet Accord, comme personne ne l'oblige à adhérer à l'OMC, Accord signé en toute souveraineté par le gouvernement et ayant des implications fondamentales. Deux exemples avec des impacts stratégiques : premièrement, les produits industriels subiront progressivement un dégrèvement tarifaire allant vers zéro (O) horizon 2014, ce qui a un impact sur toute la future politique socio-économique 2009/2014. Deuxième, exemple dont j'avais mis en garde le gouvernement algérien depuis plus de trois années : avant de se lancer dans des unités pétrochimiques ou unités fonctionnant au gaz destinées à l'exportation, nécessitant des dizaines de milliards de dollars d'investissement sur fonds publics , si l'on veut éviter des problèmes avec les structures européennes et américaines à la concurrence qui peuvent interdire l'entrée de ces produits au sein de leur espace, résoudre le problème de la dualité du prix du gaz,et d'une manière générale les subventions et la qualité , l'argument du ministère de l'Energie postulant la couverture des frais du gaz plus un profit moyen n'ayant pas convaincu nos partenaires. Aussi, outre le fait qu'il faille corriger le volume des exportations algériennes ves l'Europe en incluant les exportations de gaz,notamment à travers les réseaux Medgaz( via Espagne) et Galsi( via Italie) , il s'agit d'établir des vérités même si elles sont amères à dire, personne ne pouvant se targuer d'être plus nationaliste qu'un autre. Nous aimons tous l'Algérie d'où l'importance d'un débat contradictoire productif, objet de cette présente communication qui se propose de nuancer les propos tranchants du ministre du Commerce. La facilité et la fuite en avant est de vouloir imputer les causes du blocage seulement à l'extérieur ( ce discours anti-impérialiste chauviniste pour faire oublier les problèmes intérieurs , ce chat noir dans un tunnel sombre que l'on ne voit jamais) alors que le mal essentiel est en nous. L'extérieur est-il responsable de la montée en puissance de la bureaucratie destructrice et de la corruption dominante ; l'extérieur est-il responsable de notre mauvaise gestion et du gaspillage de nos ressources. Enfin l'extérieur peut-il engager à notre place les réformes structurelles dont l'Etat de droit (justice),la garantie des libertés dont le droit de propriété, de l'école mère de toute les réformes, du système financier, du foncier afin d'asseoir l'économie de marché concurrentielle base d'une une production hors hydrocarbures, assistant à un pas en avant et deux en arrière dans les réformes pour paraphraser Lénine ? 2.-Je suis parfaitement conscient que l'objectif stratégique est de repenser l'actuel système économique mondial en intégrant le défi écologique, ce système actuel favorisant la bipolarisation Nord/Sud, la pauvreté préjudiciable à l'avenir de l'humanité, accéléré d'ailleurs par les gouvernances les plus discutables de la part de la plupart des dirigeants du Sud. Sur les 7 milliards d'âmes les 2/3 sont concentrées au sein de la zone Sud avec moins de 30% des richesses mondiales. Car ce début du 21ème siècle, des disparités de niveau de vie criantes font de notre planète un monde particulièrement cruel et dangereusement déséquilibré. L'abondance et l'opulence y côtoient d'une manière absolument insupportable la pauvreté et le dénuement. Le revenu moyen des 20 pays les plus riches est 37 fois plus élevé que celui des 20 pays les plus pauvres qui appartiennent à l'Afrique sub- saharienne, à l'Asie du Sud et à l'Amérique Latine. Quand on sait que, dans les 25 prochaines années, la population mondiale augmentera de deux milliards d'individus - dont 1,94 milliard pour les seuls pays en voie de développement - on peut imaginer aisément le désastre qui menace cette partie de l'humanité si rien de décisif n'est entrepris. Faute de relever le défi de lutte contre la pauvreté, la crise mondiale actuelle constitue une menace pour le monde au cours des années à venir. Et c'est en intégrant des organisations comme l'ont fait les pays émergents que des actions collectives peuvent être tentées pour changer ce système injuste. 3.-Tout cela renvoie à des enjeux géostratégiques de première importance qui concernent notre pays qui ne devrait pas prendre à la légère la crise mondiale qui est structurelle et non conjoncturelle. Car, si le retour à la paix, à la stabilité et à la sécurité constitue la condition sine qua non du développement et de la prospérité, la démocratisation de la vie politique et la restauration de la crédibilité des institutions de l'Etat ne représentent pas moins une condition tout aussi fondamentale. La bonne gouvernance concerne l'ensemble des outils et des méthodes de gestion des affaires de la Cité et embrasse la totalité des actions politiques - celles des hommes comme celles des institutions qu'ils dirigent - qui ont pour vocation de servir la collectivité. Car, la puissance d'une Nation, se mesurant en ce XXIème siècle par rapport à son poids économique au sein d 'une économie de plus en plus ouverte, il s'agit de proposer des solutions concrètes, loin de tout populisme et de promesses chimériques, d'une manière datée et quantifiée de l'impact de l'adhésion de l'Algérie à la zone de libre-échange avec l'Europe. Les inquiétudes étant légitimes, c'est pourtant avec étonnement que nous assistons en ce mois de mai 2009 à des déclarations officielles et non officielles contre cette adhésion de l'Algérie à la zone de libre-échange avec l'Europe (Accord régional ancré dans le processus de Barcelone incluant en plus du volet économique, des aspects politiques,sociaux et culturels) ) ainsi que du gel des négociations avec l'Organisation mondiale du commerce ( Accord mondial se limitant au volet économique), demandant du temps pour la mise à niveau alors que les négociations durent depuis 1987 (23 ans), tout en précisant qu' après les dernières mesures du gouvernement renforçant le secteur d'Etat à travers la dépense publique, , l'adhésion n'est pas pour demain. Invoquer la situation mono exportatrice de l'Algérie, ne tient pas la route, la majorité des pays de l'OPEP étant membres de l'OMC dont le dernier en date étant l'Arabie Saoudite. Aussi, il n'y aura pas de spécificité pour l'Algérie et selon nos informations auprès de la CEE pas de renégociation des clauses fondamentales avec l'Europe, ni de spécificité également pour l'adhésion à l'OMC, peut être, une prolongation de délais selon le même Accord contrairement à ce qui a été avancé par certains officiels algériens.