Les vertus du dialogue sont louées un peu partout dans le monde occidental. Un dialogue susceptible de stabiliser les prix du brut de manière " à ne pas accabler les consommateurs ". Il est vrai que l'occident s'obstinait à ne point prendre en compte les besoins en investissements des pays producteurs tant que les cours du brut ne dépassaient guère les 20 dollars le baril, exigeant toujours de pomper plus. Mais du pétrole bon marché est révolu. Les réserves de pétrole conventionnel s'épuisent et l'investissement à consentir pour l'extraction de brut est un fardeau de plus en plus lourd à porter. Le constat est sans équivoque il a suffi que le prix du baril dégringole pour que plusieurs projets d'investissement soient reportés ou annulés dans l'amont pétrolier. Les pays de l'Opep estiment qu'un prix du baril variant entre 70 et 90 dollars est nécessaire pour financer les projets futurs. Or l'Agence internationale de l'Energie et le Fonds monétaire international craignent que la situation qui prévaut actuellement ne se répercute sur l'approvisionnement énergétique à venir. Ces deux institutions préviennent d'une prochaine envolée des prix du pétrole si le niveau des investissements dans l'industrie pétrolière ne croît pas. Tout autant de facteurs qui laissent présager d'une crise énergétique et qui poussent les pays consommateurs à réfléchir d'ores et déjà aux moyens de réduire l'impact d'un tel retournement de situation. C'est dans ce contexte que le président français, Nicolas Sarkozy a proposé hier que les pays producteurs et consommateurs d'énergie se concertent sur un "niveau souhaitable" de prix afin de lutter contre la spéculation et éviter des mouvements trop erratiques. "Pourquoi ne pas se mettre d'accord, entre pays producteurs et consommateurs, sur une orientation de prix générale à donner au marché, je dirais même une fourchette de prix qui assurerait la pérennité des investissements (des pays producteurs) mais n'accablerait pas les économies consommatrices", a-t-il dit. Il faut dire que l'Opep a démontré jusqu'à présent sa pleine disposition à stabiliser les prix. Le Cartel devrait d'ailleurs opter pour le maintien du statu quo et ne devrait pas opérer de nouvelles coupes dans la production, au cours de sa réunion de demain à Vienne, vu l'évolution récente des cours. Il n'est pas non plus question de relever la production au risque de voir s'effondrer le marché. Selon le ministre saoudien du pétrole Ali al Naimi, l'Opep ne devrait pas modifier sa politique de production, notamment parce que les stocks mondiaux sont trop élevés pour qu'un relèvement de la production soit envisageable. Samira G.