Résolument lyrique cette année, la dixième édition du festival de l'Union européenne, s'est clôturée hier soir à la salle Ibn Zeidoun de Riadh El Feth avec au menu du lyrisme aussi, mais du bon et très tendance, Gaâda Diwan, un des groupes gnaouis qui vient de Béchar qui fait parler de lui ici comme ailleurs depuis déjà plusieurs années. Les organisateurs qui sont des représentants de l'UE accrédités à Alger, semblent garder le meilleur pour la fin. Parce que le gnaoui, cette musique un peu mystique qui libère les corps et chasse les Djnoun à coup de " Bkhour ", qui s'émane en live dans la salle même à partir d'un encensoir, séduit plein de jeunes qui se reconnaissent dans ces processions infinies à travers lesquelles, le Dieu est invoqué autant que son prophète, Mohamed, (QSSSL). En transe étaient les jeunes hier soir autant que les musiciens et chanteurs de Gaâda Diwan, qui ont su retransmettre cette musique qui à l'origine était pire que populaire puisque tout comme le Jazz, elle est née chez les esclaves Africains qui dans leurs complaintes voulaient s'en remettre à Dieu se libérant ainsi de leurs souffrances au moyen d'un art lyrique. Comme autrefois le raï, la musique gnaouie est sans conteste une musique qui se démocratise de plus en plus d'autant que des formations de ce genre naissent un peu partout en Algérie et en Afrique, et parmi ces formations y en a celle qui se perfectionnent en travaillant assidûment dans la recherche de l'authenticité et de l'harmonie, le seul habillage d'une vraie musique. Gaâda Diwan, c'est d'abord un label avec plus d'une décennie d'âge, des dizaines de tournées dans le monde et un répertoire inépuisable dans lequel l'Afrique des aïeux est célébrée dans ses couleurs claires obscures, des nuances originelles comme au début du monde. Au chant, il y avait les Laoufi (Abdelatif et Tayeb) avec l'incontournable, Aïcha Lebgaâ, la voix de Timimoun, cette oasis qui ressemble un peu aux descriptions mythiques du paradis. En tout, ils sont neufs vocalistes qui connaissent sur les bouts des doigts les rythmes et les textes que chantaient des siècles auparavant, leurs aieux ailleurs là bas dans la sécheresse du Touat, du Gourara et du fin fond de cette Afrique, où l'on a découvert les premiers hommes peuplant la terre. Leurs instruments sont taillés sur place, le gambri, dont excellent les femmes surtout, le mandole, et le violon sans oublier bien sûr les percussions, l'instrument bon marché, le tam -tam du pauvre. Après près de trente jours de festivités dans plusieurs salles algéroises et notamment à Boumerdès, Béjaïa, Oran, Annaba, essentiellement marqué par la musique, avec quelques "répits" dans les programmes où la population infantile n'a pas été oubliée puisque des spectacles clownesques ont été proposés, le festival de l'UE a désormais sa tradition, son public et aussi ses challenges. Habituellement, le festival de l'UE englobe tous les genres artistiques, à commencer par le cinéma, le théâtre, la danse et c'est la première fois que les organisateurs ont décidé de " thématiser " ce rendez- vous qui parfois est détonnant parce qu'on y découvre des spectacles absolument épatants. Un vrai voyage dans cette Europe des couleurs dont l'espace s'agrandit de plus en plus ; un voyage qu'il est d'ailleurs important de faire surtout par nos artistes qui pourront trouver sur place quelques source d'inspirations, faire des rencontres et pourquoi pas tisser des liens entre les uns et les autres, l'art étant comme on dit sans frontière. Par Rebouh H