Bien qu'ils ne comprissent pas un seul mot des paroles des chansons, les spectateurs algérois ont fusionné jeudi dernier avec la musique de la diva malienne Oumou Sangaré qui a lancé la 3ème édition du Festival international du diwan (FIMD), abrité par le théâtre de verdure du Bois des arcades, à Riadh El Feth. C'est face à un public nombreux et connaisseur que l'artiste de renommée internationale a rejoint la scène, levant fièrement le drapeau algérien. Accompagnée de ses musiciens (récemment désignés comme meilleur groupe de musiciens lors d'un festival au Québec), la chanteuse transportera la foule déchaînée avec ses rythmes ensorcelants. Avec Oumou, les barrières linguistiques s'effondrent et ses chansons passent comme une lettre à la poste. Femme africaine engagée jusqu'au bout des ongles, l'artiste n'hésite pas à abattre les clichés et réclamer les droits de son peuple et de tous les peuples africains. Elle parle d'amour, de guerre et de vie quotidienne au Mali. Oumou traduit à travers ses textes toute la beauté et la richesse de sa culture. Dotée d'une voix impressionnante, la diva a su parfaitement en faire bon usage au grand bonheur des mélomanes. Sur scène, un ngoni kamélé, qui ressemble à une kora (autre instrument traditionnel malien), deux calebasses qu'on utilise comme instrument de percussion, un goumbri le tout côtoyant une série d'instruments modernes. Vêtue d'un ensemble africain bleu, Oumou Sangaré a fait une entrée grandiose sous une avalanche d'applaudissements. Très à l'aise sur la scène algéroise, elle annonce la couleur. La soirée est dédiée au Mali, son pays. Une improvisation musicale accompagne les pas de l'artiste qui entame son tour de chant avec le titre Wassili. Le public ne se fait pas prier pour entrer dans la danse. La piste est envahie. Oumou sympathise avec ses fans et enchaîne avec le titre Kunadia (bonne étoile en wassoulou, un dialecte malien). Sa musique est riche en variations, mais reste 100% africaine. La percussion est omniprésente. Elle domine l'ensemble musical. Intermède. L'artiste évoque la situation de l'Afrique dans le monde. «Le jour où l'Afrique va se réveiller, le monde va le sentir», affirme-t-elle avant d'enchaîner avec le titre Boitu (jeunes braves en wassoulou). Oumou fera une autre pause pour dire l'amour qu'elle porte pour l'Algérie et au Mali. Le public est définitivement conquis. La soirée se poursuivra sur le même rythme festif ponctué des prouesses vocales de la diva. En première partie de la soirée inaugurale du Festival international du diwan, la scène a été animée par le jeune groupe algérois Ouled Haoussa, lauréat du 1er prix du Festival national du diwan de Béchar. Les jeunes musiciens munis de karkabou et de goumbri ont électrisé l'ambiance avec des rythmes entraînants. Fidèle au son traditionnel du diwan, le groupe a fait le bonheur des jeunes fans de gnaoui venus se défouler en masse. Il a bien chauffé la scène pour Oumou. Par ailleurs, la 3ème édition du FIMD se poursuivra jusqu'au 20 juillet. À l'affiche d'aujourd'hui une conférence sur le «Rite de la Nechra» que présentera Mouni Djerkif, universitaire de Constantine à 14h à la salle Frantz-Fanon. Une projection du documentaire Ali Farka Touré, le miel n'est jamais bon dans une seule bouche aura lieu également sur l'écran de la salle Ibn-Zeidoun. Quant à la soirée, elle sera animée par Amrat Hussein, trio qui vient de l'Inde, et le groupe algérien Noudjoum Eddiwane à 20h30. W. S.