Voilà qui ferait une bonne question dans un jeu télévisé : quel pays de l'Union Européenne (UE) a une chance d'afficher une croissance du produit intérieur brut (PIB) en 2009. La réponse est : la Pologne. Ce pays, au coeur d'une Europe centrale secouée par la crise, a connu un développement sain - sans effet de bulle - avant que la crise ne frappe. Il a laissé flotter sa monnaie et a eu la chance de profiter de la politique de renouvellement du parc automobile décidée par l'Allemagne. Le ministre polonais de l'économie, Waldemar Pawlak, a récemment expliqué que l'industrie automobile de son pays était positionnée sur le bon créneau au bon moment. "Il y a deux mois d'attente pour la Fiat 500 fabriquée à Tychy", a-t-il indiqué. Il entendait souligner le fait que les modèles les plus demandés en ces temps d'austérité étaient les petits véhicules économiques. Précisément ceux que la Pologne fabrique. Les gouvernements d'Europe occidentale ont pris des mesures pour soutenir la demande en voitures neuves. En Allemagne, il faut remonter à 1992 pour constater des ventes aussi dynamiques. Elles ont bondi de 40 % en rythme annuel au mois de mars, et ce alors même que le pays traverse la récession économique la plus grave de son histoire depuis 1945. Résultat : la Pologne a pu bénéficier de cette manne miraculeuse au beau milieu d'une récession historique. D'autres facteurs ont contribué à la prospérité polonaise. Depuis octobre 2008, le zloty a perdu 30 % de sa valeur contre l'euro, ce qui a favorisé les producteurs nationaux. Le gouvernement s'est autorisé un accroissement du déficit budgétaire, qui atteindra 6 % du PIB cette année. La politique dite d'ajustement par la fiscalité a pu fonctionner parce que le pays avait été géré avec prudence auparavant. Aucune bulle malsaine n'est venue faire gonfler les recettes et les dépenses publiques. La Pologne n'a pas non plus connu les excès de ses voisins en matière de crédit et de prix immobiliers. Si les Polonais ont effectivement pris la dangereuse habitude d'emprunter en euros, la pratique n'a pas pris les mêmes proportions qu'en Hongrie. Les banques polonaises ont donc la chance d'être les moins étranglées de toute l'Europe centrale et orientale. Il ne faut pas croire pour autant que la crise mondiale n'a aucune répercussion sur la Pologne. Entre le dernier trimestre 2008 et le premier trimestre 2009, le taux de chômage est passé de 6,7 % à 8,3 %. Il faudra aussi un jour s'attaquer au déficit budgétaire. Mais d'ici là, le taux de croissance sera probablement positif en 2009, ce qui fait de la Pologne le pays vedette d'une Europe secouée par la récession depuis l'est jusqu'à l'ouest. R.I