Au-delà des chiffres bruts qui peuvent varier d'un pays à l'autre, la tendance générale est indiscutable : la mouvance social-démocrate a subi une défaite historique aux élections européennes du dimanche 7 juin. A l'exception de la Suède et de la Grèce, les partis se réclamant peu ou prou du socialisme démocratique ont perdu des voix et des sièges. Parfois, comme en Autriche, ils obtiennent leur plus mauvais résultat dans une élection générale depuis la fin de la seconde guerre mondiale. En Grande-Bretagne, un parti antieuropéen, UKIP, est même passé devant les travaillistes, formant la troisième force politique du pays avec les conservateurs. Même si le scrutin européen peut être pour certains électeurs l'occasion de se défouler contre un parti au pouvoir, la tendance est suffisamment nette dans toute l'Europe pour que les partis du socialisme démocratique ne s'interrogent pas sur leur politique, voire sur leur survie. Car la situation générale pouvait apparaître des plus favorables. Les partis nationaux regroupés dans le Parti socialiste européen (PSE) avaient réussi à adopter un manifeste commun pour ces élections. Ils avaient même en filigrane un candidat commun pour le poste de président de la Commission, le social-démocrate danois Poul Rasmussen, ancien premier ministre et président du PSE. Ils ne l'ont pas trop mis en avant parce que certains gouvernements socialistes s'étaient déjà engagés à soutenir la reconduction de José Manuel Barroso à la tête de la Commission de Bruxelles. Malgré tout, et bien qu'il ne soit pas très connu dans toute l'Europe, Poul Rasmussen aurait pu être un atout. Les conservateurs ont remporté les élections au Parlement européen avec une victoire écrasante devant les socialistes qui ont perdu une soixantaine de sièges. Mais ce scrutin marque surtout la montée de l'extrême droite et des partis anti-européens, alors que les électeurs ont presque systématiquement désavoué leurs gouvernements en pratiquant un vote sanction. Le taux de participation aux élections européennes s'est élevé à seulement 43,01%, ce qui donne une abstention record de 56,99%, selon une estimation provisoire publiée dimanche soir par le Parlement européen. En 2004, le taux d'abstention avait atteint 54,6%. La participation a été très faible en France avec une abstention estimée à 59,5%, et en Allemagne où, selon les estimations, 42,5% des électeurs ont participé au scrutin, selon le Parlement.