Recul n La droite a remporté une victoire sans appel sur la gauche lors des élections européennes d'hier, à l'issue d'un scrutin marqué par un nouveau record d'abstention. Débâcle aux européennes dans la quasi-totalité des pays de l'UE : dimanche restera une journée noire pour la gauche européenne, incapable de proposer une stratégie alternative crédible face à la crise à l'occasion des élections européennes. Cette défaite avait été largement anticipée par les instituts de sondage et ne fait que renforcer la domination actuelle de la droite en Europe qui, malgré un paysage politique très éclaté à travers l'Union européenne, gouverne déjà dans 21 des 27 pays. Mais le revers est encore pire que prévu et tourne à la bérézina pour une famille politique qui pouvait espérer rebondir avec la montée du chômage et les critiques contre le système capitaliste qu'a suscitées la crise financière et économique. La gauche ne tire son épingle du jeu qu'en Grèce et au Danemark, où elle est dans l'opposition, et en Slovaquie. «C'est certainement une triste soirée pour la social-démocratie européenne», a reconnu l'Allemand Martin Schulz, chef de file des socialistes dans le Parlement sortant. La gauche mord la poussière dans une large majorité de pays européens. Son nombre d'eurodéputés pourrait se limiter entre 155 et 165, contre 263 à 273 aux conservateurs du PPE, plus une cinquantaine de conservateurs dissidents britanniques et tchèques. En Allemagne, les sociaux-démocrates ont été largement distancés par la CDU de la chancelière Angela Merkel, avant les législatives de septembre. En France, malgré la grogne sociale et une popularité en baisse pour Nicolas Sarkozy, son parti de droite UMP a largement dominé le PS, réduit à quelque 16% des voix et rattrapé par les Verts d'Europe Ecologie. En Grande-Bretagne, la défaite du Labour s'annonce aussi douloureuse qu'aux élections locales de jeudi. Tout le monde prévoit le retour des conservateurs au pouvoir lors des élections législatives attendues au plus tard en juin 2010. En Espagne et au Portugal, où les socialistes sont au pouvoir, l'opposition de droite arrive aussi clairement en tête. Et en Italie, les scandales qui ont éclaboussé Silvio Berlusconi ne l'ont pas empêché de remporter ces élections. Pour Mario Telo, président de l'Institut d'Etudes européennes de l'Université libre de Bruxelles, «la gauche a échoué avec son discours imputant la crise à la droite car elle a partagé l'idéologie blairiste pendant 15 ans et peut être identifiée comme responsable du marasme actuel. Et en l'absence d'alternatives crédibles, les majorités s'accrochent aux gouvernements en place», dit-il. En France, la secrétaire générale du PS Martine Aubry a d'ailleurs reconnu que les socialistes n'étaient pas encore crédibles et a appelé à une refondation du parti. Mais les analystes estiment que les socialistes européens ont aussi beaucoup pâti de leurs divisions. S'ils ont abondamment critiqué le président sortant de la Commission européenne, le libéral portugais José Manuel Barroso, pour sa réaction tardive à la crise économique, ils ont été incapables de désigner un candidat alternatif pour le remplacer.