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Décès en Catalogne du président Omar Bongo
Gabon
Publié dans Le Maghreb le 10 - 06 - 2009


Le président gabonais Omar Bongo, doyen des chefs d'Etats africains en exercice et symbole de la "Françafrique", est mort lundi d'un arrêt cardiaque à l'hôpital Quiron de Barcelone où il était hospitalisé depuis fin mai. Sa disparition laisse un vide politique. Les analystes pensent que sa succession donnera vraisemblablement lieu à des luttes de pouvoir au sein des factions du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir). Son fils, Ali, actuel ministre de la Défense, devrait tenir la corde en cas de succession dynastique, dit-on de même source. "Au nom des familles Ondimba et Ebori, j'appelle au calme, à la sérénité des coeurs et au recueillement afin de préserver l'unité et la paix si chères à notre regretté père", a lancé à la télévision le fils du défunt. Le chef de l'Etat, qui a assuré la stabilité de son pays depuis 1967, est décédé à 14h30 locales après un arrêt cardiaque dans la capitale catalane, précise un communiqué du Premier ministre, Jean Eyeghe Ndong. Ce dernier a annoncé un deuil national de 30 jours. Omar Bongo présidait aux destinées du Gabon, surnommé "l'émirat du golfe de Guinée" du fait ses immenses richesses pétrolières, depuis plus de 41 ans. Le pays compte aussi de l'uranium et des forêts. Selon une radio française, le ministère gabonais de la Défense a ordonné la fermeture de toutes les frontières ainsi que de l'espace aérien et maritime du pays. Le maire de Libreville a interdit les rassemblements publics et ordonné la fermeture des bars et boîtes de nuit. Les rues de la capitale sont patrouillées par l'armée. Aux termes de la Constitution, la présidente du Sénat Rose-Francine Rogombé, membre du PDG, doit assurer l'intérim et des élections doivent être organisées dans les 45 jours. La porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication Laure Olga Gondjout a assuré que la Loi fondamentale et les institutions seraient "respectées". Lundi matin, le Premier ministre avait démenti les rumeurs qui circulaient déjà sur la mort du chef de l'Etat, annoncée dès dimanche soir par le site internet de l'hebdomadaire Le Point (www.lepoint.fr), information qui avait provoqué la colère de Libreville, ancienne colonie française demeurée en liens étroits avec Paris. L'état de santé d'Omar Bongo faisait l'objet de spéculations depuis qu'il avait été hospitalisé à Barcelone pour s'y remettre, selon le gouvernement, du choc provoqué par la mort en mars de son épouse, Edith, fille du président du Congo-Brazzaville, Denis Sassou-Nguesso, décédée à l'âge de 45 ans. A Paris, Nicolas Sarkozy a salué un ami fidèle de la France et une haute figure de l'Afrique. Bongo était un fin connaisseur des arcanes de la politique française. Dans un communiqué, le président français souligne qu'Omar Bongo avait "su gagner l'estime et le respect de l'ensemble de ses pairs, notamment par ses nombreuses initiatives en faveur de la paix sur le continent africain". "Il tient à les assurer que la France, fidèle à sa longue relation d'amitié, demeure, dans cette épreuve, aux cotés du Gabon, de ses institutions et de son peuple", poursuit le texte. Bernard Kouchner, chef de la diplomatie française, a déclaré pour sa part: "La France perd aujourd'hui un ami, mais je déplore également une perte pour l'Afrique, continent où M. Bongo, unanimement respecté par ses pairs, avait uvré avec détermination et courage à la paix et la stabilité". La France dispose d'une importante base à Libreville, qui joue un rôle central dans le dispositif militaire de Paris sur le continent. La mort de Bongo, qui n'avait jamais suspendu ses activités officielles auparavant depuis son arrivée au pouvoir en novembre 1967, devrait susciter des convoitises, mais les analystes estiment que le PDG au pouvoir est en mesure de gérer la transition dans la stabilité. Le pays, doté d'importantes ressources pétrolières, est dominé par une petite élite étroitement solidaire et les opposants redoutent qu'Ali Bongo ne profite du vide du pouvoir pour en prendre la tête. Les spécialistes du Gabon le voient eux aussi succéder à son père mais n'excluent pas qu'il puisse s'agir d'un autre membre de la famille. Bongo Jr pourrait ainsi rencontrer sur sa route son beau-frère, Paul Toungui, actuel ministre des Affaires étrangères et mari de Pascaline Bongo, fille du défunt et influente directrice du cabinet présidentiel. D'autres noms de possibles prétendants circulent, comme ceux de Jean Ping, ancien chef de la diplomatie gabonaise et actuel président de la Commission de l'Union africaine, et du vice-président Didjob Divungi di Ndinge.

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