Les réformes réglementaires, la simplification administrative, l'accès au financement, la politique d'innovation et la promotion du capital humain sont prioritairement les axes d'amélioration de la politique de l'entreprise en Algérie. C'est du moins ce qui ressort d'une étude sur «les résultats de l'évaluation de la mise en œuvre de la Charte euro-méditerranéenne pour l'entreprise, cas de l'Algérie». En effet, et comme huit autres pays méditerranéens voisins de l'Union européenne, l'Algérie se réfère depuis 2004 à la Charte euro-méditerranéenne pour l'entreprise pour améliorer ses politiques et programmes en faveur des entreprises. La Charte s'inspire des meilleures pratiques en Union européenne et dans les pays voisins. En 2007-2008, l'Algérie a conduit avec succès un exercice pilote d'évaluation de ses avancées dans les dix domaines couverts par la Charte. Elle a confronté ses conclusions à l'analyse opérée par la Commission européenne en collaboration avec l'OCDE, la Fondation européenne pour la formation et la Banque européenne d'investissement. Les résultats de l'Algérie et ceux des pays voisins engagés dans le même exercice ont été comparés dans un rapport présenté aux ministres de l'Industrie réunis à Nice en fin d'année 2008. Le 13 mai dernier, une cinquantaine d'acteurs algériens concernés par la Charte se sont réunis à Alger pour débattre des résultats et souligner les progrès effectués par l'Algérie depuis la parution du rapport. La réunion était organisée par le ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements (MIPI) qui coordonne la mise en oeuvre de la charte en Algérie. Il ressort du rapport d'évaluation en question que, malgré les appuis importants apportés au secteur privé en Algérie, beaucoup de choses restent à faire, notamment pour ce qui est de la qualité de l'environnement de l'entreprise. Pour ce qui est du cadre institutionnel de la politique de l'entreprise, l'Algérie se positionne mal. Les conclusions du rapport d'évaluation de la mise en œuvre de la charte font ressortir une approche à deux volets pour ce qui est du cadre institutionnel. Ainsi, deux ministères interviennent dans la sphère économique : le ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements (MIPI) en charge de la politique et du soutien à l'investissement, avec l'Andi opérant en tant qu'agence exécutive, et le ministère de la PME et de l'Artisanat (MPME) en charge du soutien aux PME et du programme national de mise à niveau, avec ANDPME opérant en tant qu'agence exécutive. Dans cette optique, le rapport souligne le potentiel d'amélioration pour la coordination entre les politiques horizontales d'amélioration du climat des affaires et les politiques sectorielles. Le document relève également que plusieurs associations du secteur privé activent à travers le pays, à l'image du Conseil national consultatif pour la promotion des PME. Le rapport relève également l'inexistence d'un système complet de collecte et de diffusion d'informations pour les PME, ajouter à cela, le développement limité des informations en ligne. S'agissant de l'environnement opérationnel et la simplification administrative, l'Algérie est considérée parmi les pays qui ont un des environnements d'affaires les plus régulés de la région Meda. Néanmoins, il n'y a pas d'action significative entreprise afin de réduire la complexité réglementaire, sauf une simplification limitée du processus d'enregistrement des entreprises. Par ailleurs, pour aller de l'avant, le rapport recommande d'adopter une stratégie sur la réforme du secteur public qui met l'accent sur l'examen et la simplification systématiques du cadre réglementaire et législatif, à travers l'analyse de l'impact des principales nouvelles législations et réglementations pour les entreprises. En ce qui concerne l'accès au financement, l'Algérie souffre toujours du manque de crédit à l'investissement, et le développement limité du secteur bancaire. Seul point fort, le système de garantie du crédit. Pour aller de l'avant l'Algérie doit développer son service d'information sur le crédit. Sur la question de l'accès aux marchés, les Européens ont enregistré le problème majeur de la compétitivité des entreprises algériennes. Aussi, Algex et le Fonds spécial pour la promotion des exportations ont des capacités opérationnelles limitées. En matière d'innovation, la situation en Algérie se caractérise par l'absence de stratégie, et une offre limitée de services destinés aux entreprises innovatrices, mais aussi une coordination entre les acteurs de l'innovation faible. Par rapport aux points forts, le rapport d'évaluation souligne la volonté d'encourager les liens universités-entreprises. Enfin, les systèmes éducatifs ne contribuent pas de manière stratégique aux efforts déployés pour développer des économies entrepreneuriales. Il n'y a pas non plus de stratégie nationale pour promouvoir l'apprentissage à l'esprit d'entreprise, observe le document, qui estime que l'Algérie doit redoubler ses efforts pour rattraper le retard enregistré. Hamid Si Salem