Le Fonds monétaire international va probablement réviser à la hausse sa prévision de croissance de l'économie mondiale pour 2010, le recul de la production mondiale montrant des signes de modération, a déclaré vendredi le directeur général adjoint du FMI, John Lipsky. Lors d'une conférence économique à Bodrum, dans le sud de la Turquie, il a pris soin d'ajouter qu'il était bien trop tôt pour clamer victoire contre la crise économique, les conditions financières étant loin d'être revenues à la normale et l'économie mondiale étant toujours en récession. "Bien que les derniers chiffres montrent un ralentissement de la contraction au niveau mondial, une forte incertitude persiste concernant le calendrier et le rythme de la reprise économique", dit Lipsky dans un discours préparé en vue de son intervention devant une association représentant des entrepreneurs et des industriels turcs. Le FMI doit présenter ses prévisions actualisées le 7 juillet à Washington. En avril, il avait pronostiqué une contraction de 1,3% de l'économie mondiale cette année avant un rebond et une croissance de 1,9% en 2010. Lipsky a souligné que la reprise serait lente l'année prochaine car l'activité dans les pays développés ne s'améliorera que progressivement en raison d'un mouvement de réduction de l'effet de levier sur les marchés financiers, de la croissance limitée du crédit et de la faible progression du pouvoir d'achat des ménages. Les marchés émergents ne seront pas en mesure de revenir à leurs niveaux de croissance habituels et les économies avancées vont continuer à sous-performer, a prédit Lipsky. "Par conséquent, les écarts de production et les taux de chômage devraient continuer à augmenter dans la plupart des économies en 2010", a-t-il dit. Il a souligné que les pouvoirs publics devaient avoir pour priorité de poser les fondations d'une croissance durable, déplorant les progrès lents et inégaux obtenus dans le rétablissement du secteur bancaire, notamment en ce qui concerne le problème des actifs toxiques. La plupart des pays devront maintenir au moins jusqu'en 2010 les dépenses engagées pour lutter contre la crise et de nouvelles mesures de relance seront peut-être nécessaires, a dit Lipsky. La politique monétaire devra également continuer à soutenir l'économie jusqu'à ce que la reprise s'installe. Lipsky a toutefois souligné que la hausse des déficits publics dans de nombreux pays industrialisés devenait une source de préoccupation croissante. Même si la priorité demeure la lutte contre la récession, les pouvoirs publics doivent commencer à préparer des stratégies de sortie de crise, a ajouté le responsable du FMI, notamment pour mettre un terme aux mesures exceptionnelles mises en place pour le secteur financier.