Les acteurs de l'industrie pétrolière réunis depuis mardi dernier, à Vienne, dans le cadre d'un séminaire intitulé «pétrole : futur, stabilité et durabilité», se disent inquiets du fait de la contraction de la demande pétrolière et des incertitudes qui pèsent sur les investissements dans les hydrocarbures. «Nous avons tous entendu parler de suppressions de projets, de retards et d'annulations. Cela met en péril l'offre de brut», a déclaré le secrétaire général de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), à l'ouverture de cette rencontre. «Nous avons besoin de prix plus élevés. Nous espérons voir un prix raisonnable à partir duquel nous puissions investir pour l'offre future», a-t-il ajouté. Aujourd'hui, plusieurs facteurs, dont la demande pétrolière, font que les cours du pétrole dégringolent. «L'incertitude entourant les perspectives à long terme de la demande va mettre en péril les investissements dans les capacités de production», a souligné Gholam Hossein Nozari, le ministre iranien du Pétrole, présent à ce séminaire, propos soutenus par le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, qui a noté que la sécurité de la demande «n'est pas très claire». Nobuo Tanaka, directeur général de l'Agence internationale de l'énergie, a, de son côté, rappelé que l'épuisement des gisements exigeait «des investissements massifs». Le simple maintien de la production au niveau où elle se trouve actuellement exige d'ajouter une capacité de production de «45 millions de barils par jour, soit cinq Arabie saoudite d'ici à 2030», a-t-il avancé. Les marchés pétroliers risquent de sombrer, les perspectives de l'économie mondiale s'annonçant moroses. Le numéro deux du Fonds monétaire international (FMI), John Lipsky, participant au séminaire de Vienne, a fait une annonce qui n'est pas de nature à rassurer les acteurs de l'industrie pétrolière. L'institution financière multilatérale prévoyait une «modeste» contraction de la croissance mondiale en 2009, alors que, dans ses prévisions de janvier, elle tablait encore sur une hausse de 0,5%. «Nous anticipions une croissance mondiale d'environ la moitié d'un point de pourcentage et les prévisions révisées montreront un chiffre légèrement négatif [de croissance]», a affirmé Lipsky, se refusant toutefois à donner un chiffre précis. Les prévisions «sont passées d'une très modeste progression [de la croissance mondiale] dans le rapport de janvier à une modeste contraction», a-t-il ajouté. L'économie mondiale «reviendra à une croissance positive courant 2010», a-t-il indiqué. Au fort de la flambée des cours du pétrole, il y a quelques mois, les pays consommateurs soulignaient que des prix élevés affecteraient la croissance de l'économie mondiale. Maintenant que la tendance des marchés s'est retournée, les pays consommateurs exigent que l'OPEP ne réduise pas ses quotas de production. A quelle logique obéit leur stratégie ? Les prix du baril de pétrole sont montés à près de 50 dollars mardi dernier à New York, leur plus haut niveau depuis plus de deux mois, en raison de la progression de Wall Street. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour livraison en avril a fini à 49,16 dollars, en hausse de 1,81 dollar par rapport à son cours de clôture de lundi dernier. Le baril de brut texan, référence du marché new-yorkais, est monté jusqu'à 49,82 dollars, son plus haut niveau depuis le 6 janvier. Y. S.