Les grands consommateurs d'or noir exhortent les pays producteurs à veiller à la stabilité des prix. Le groupe pétrolier italien ENI a proposé hier aux ministres de l'Energie du G8 la création d'une agence internationale du pétrole, regroupant les pays consommateurs et producteurs, afin de stabiliser les prix du brut et rémunérer les pays producteurs lorsque les cours baissent trop, a indiqué son directeur général Paolo Scaroni. Cette agence gérerait un «fonds de stabilisation» qui assurerait un niveau minimum de revenus pour les pays producteurs «lorsque les prix descendent trop», a encore dit M.Scaroni sans indiquer comment un tel fonds pourrait être financé. Une telle agence pourrait également coordonner la gestion des stocks pétroliers et des capacités de production prêtes à l'emploi en cas de hausse subite de la demande, à un niveau mondial, selon ENI. Cette idée, aurait «suscité de l'intérêt» chez les ministres du G8 tout comme chez les pays membres de l'Opep, à qui il l'avait déjà présentée en mars. Auparavant, les ministres de l'Energie des huit pays les plus industrialisés de la planète ont montré de sérieux signes d'inquiétude suite à la hausse soutenue et progressive des prix du baril de brut. Des signes avant-coureurs notoires font croire à une reprise de l'économie mondiale. Ils pointent le bout de leur nez notamment en Chine et à un degré moindre aux Etats-Unis d'Amérique, considérés à juste titre comme les locomotives de l'économie mondiale. Ce léger redressement qualifié de fragile pourrait être compromis par une éventuelle envolée des cours de l'or noir, selon le communiqué des ministres de l'Energie des Etats membres du G8. «Si les prix du pétrole augmentent considérablement, ce sera un facteur de ralentissement du redressement de l'économie», a averti lors d'une conférence de presse Steven Chu, le secrétaire américain à l'Energie. Qu'attendent les pays consommateurs des pays exportateurs, et de l'Opep en particulier? Le Fonds monétaire international, à travers la voix de son numéro deux, appelle les gouvernements de ces Etats à encourager les investissements. En clair, à plus de prospection pour satisfaire une probable demande mondiale qui devrait croître assez rapidement lorsque la machine de l'économie mondiale reprendra sa marche en avant. «La crainte largement exprimée est que la combinaison de la crise financière, du prix du pétrole actuellement bas et d'une plus grande volatilité des prix puisse entraîner un recul de l'expansion des capacités», a indiqué dans un discours destiné aux ministres de l'Energie du G8 réunis dimanche à Rome, le proche collaborateur de Dominique Strauss-Kahn. Le FMI s'attend, selon ses prévisions, à de nouvelles chutes des cours de l'or noir vu les stocks jugés encore assez élevés et une demande qui ne devrait progresser que très lentement. Une réaction brusque du marché pétrolier n'est cependant pas à écarter. «Les réductions significatives des investissements dans le secteur pétrolier peuvent préparer le terrain pour de futures brusques hausses des prix», a mis en garde John Lipsky. Les investissements dans l'exploration-production de pétrole et de gaz devraient connaître une baisse de 21% en 2009 par rapport à l'année précédente selon les estimations de l'Agence internationale de l'énergie qui a fait savoir que le montant des investissements annulés ou reportés s'élève à quelque 170 milliards de dollars ces derniers mois. Le prix actuel du baril de pétrole devrait permettre de relancer l'exploitation de certains gisements, ont reconnu les patrons de BP d'une part, tandis que d'autres compagnies majors à l'instar de Total, Exxon Mobil ou Shell, ont maintenu leurs projets pour 2009. Les prix de l'or noir ont connu une hausse de près de 30 dollars depuis moins de six mois. Après avoir touché leur plus bas niveau en décembre 2008, 32,40 dollars, ils ont effectué une remarquable remontée pour se hisser à plus de 62 dollars le 20 mai 2009. Le baril de «Light Sweet Crude» a clôturé la semaine sur le New York Mercantile Exchange à 61,67 dollars. Les pays consommateurs ont hypothéqué et enterré un peu trop vite les chances de voir mises en oeuvre les décisions prises par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, à Vienne, en Autriche, le 24 octobre et à Oran le 17 décembre 2008, de retirer 4,2 millions de barils par jour du marché. Les cours de l'or noir semblent avoir répondu favorablement aux attentes de l'Opep, en attendant la réunion qui aura lieu dans deux jours dans la capitale autrichienne.