Les pêcheurs turcs ont choisi les eaux algériennes pour capturer clandestinement le thon rouge mais ils ont été repérés.Une enquête a été ouverte en Algérie pour pêche illicite de 210 tonnes de thon rouge après l'arraisonnement de trois remorqueurs turcs et d'un navire algérien dans les eaux territoriales algériennes, a indiqué la direction de la pêche et des ressources halieutiques. Les trois remorqueurs turcs se trouvent actuellement au port d'Annaba et le bateau algérien, le " El Djazaïr ", à Bouharoun près de Tipasa. Selon la direction de la pêche, citée par l'APS, un transfert illégal portant sur 210 tonnes de thons rouges vivants aurait été effectué entre le " El Djazaïr " appartenant à un armateur algérien privé et les trois remorqueurs turcs Abdi Baba 3, Serter Ahmed 1 et Aquadem 2. Les thons, que remorquait le Abdi Baba 3 dans une immense cage, seront prochainement relâchés, a-t-on précisé de même source. Les ports d'attache des navires turcs et le nom de leur armateur n'ont pas été rendus publics. L'Algérie a un quota de 800 tonnes au total pour la pêche de cette espèce très prisée au Japon, notamment, qui fait l'objet d'une stricte réglementation. La Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (ICCAT), chargée de la gestion du thon rouge au niveau mondial, a abaissé le quota de 28.500 tonnes en 2008 à 22.000 T en 2009, chiffre toutefois très supérieur à ce que demandaient les scientifiques pour préserver l'espèce (maximum 15 000 t). L'Algérie avait obtenu un nouveau quota de pêche de thon lors de la réunion de l'ICAAT en 2007 comme elle a réceptionné également deux thoniers la semaine dernière. L'Algérie n'était pas outillée, il y a quelques années, pour exploiter elle-même le thon rouge, qui nécessite des thoniers. Mais, aujourd'hui, l'Algérie a acquis 6 thoniers et d'autres sont en construction au profit d'opérateurs privés qui vont se lancer dans la pêche au thon rouge. Depuis la ratification de la convention ICCAT, l'Algérie est devenue, au sens juridique, pays membre, dénommée partie contractante et appartient à la zone de pêche de la convention. Il est entendu par zone de la convention (thon rouge) la zone s'étendant de l'Atlantique Nord à la Méditerranée. Lors des dernières négociations entreprises sous l'égide de l'ICCAT, à l'instar des autres pays membres, l'Algérie a obtenu la répartition pluriannuelle de son quota. Concernant l'attribution des quotas, l'octroi des permis de pêche et recouvrement des redevances, il faut savoir que la procédure établie en la matière est très rigoureuse et transparente. En effet, cette question relève du domaine de la souveraineté nationale car elle porte sur un engagement et une crédibilité internationale et, d'autre part, sur l'exploitation d'une ressource nationale appartenant au domaine public. La pêche illicite est un fléau à combattre. Le thon est en phase de disparaître à cause de cette pratique. Et, selon les services des douanes, toute transaction commerciale en mer, sans la présence des services concernés est considérée comme contrebande, donc réprimée par la loi algérienne. Quant à la Turquie, elle continue d'ignorer les quotas de pêche de thon rouge. Greenpeace a déjà demandé à Ankara d'instaurer plus de contrôle dans les ports turcs. A Karaburun, petit port de pêche de la région d'Izmir, spécialisé dans la pêche au thon rouge, le retour à quai des navires est particulièrement surveillé. La saison de pêche vient de commencer, et les observateurs de l'organisation écologiste Greenpeace guettent l'infraction. Le déchargement dernièrement de plus de 500 kg de ce poisson pêchés clandestinement ne leur aura donc pas échappé. Au niveau de la Méditerranée, la Commission européenne a ouvert des procédures d'infraction contre les sept Etats membres qui pratiquent la pêche au thon rouge dans l'Atlantique Est et la mer Méditerranée. Des lettres de mise en demeure ont été envoyées respectivement à Chypre, à la France, à la Grèce, à l'Italie, à Malte, au Portugal et à l'Espagne en raison de manquements à l'obligation de communication à la Commission des données relatives aux captures. Dalila B.