Les autorités algériennes auraient même exigé de cet armateur qu'il se présente avec le thonier, contre lequel pèse la charge de délit de fuite ; faute de quoi, ses deux navires remorqueurs, actuellement immobilisés, l'un à quai au niveau du port de Annaba et le second en rade de ce même port, seraient officiellement saisis. L'affaire liée à l'arraisonnement, au large de Annaba, samedi dernier, de deux remorqueurs turcs soupçonnés de pêche illicite de thon rouge dans les eaux sous juridiction algérienne, n'a pas fini de susciter des interrogations au sein de l'opinion publique. On évoque notamment les conditions dans lesquelles le troisième bâtiment battant également pavillon turc, un thonier-usine supposé traînant dans son sillage une cage contenant une cargaison de thon rouge vivant, n'a pu être rattrapé par les unités des garde-côtes avant qu'il s'échappe. Le mystère demeure entier également s'agissant du navire algérien baptisé, selon nos sources, Djazaïr 2, qui aurait été en contact en haute mer avec les bateaux de pêche pirates, selon des témoins de l'opération d'arraisonnement. Il y a lieu d'indiquer que l'équipage de ce bâtiment, dont on ne sait pratiquement rien à ce stade de l'enquête, sauf qu'il aurait livré, ou laissé croire, le produit de sa propre pêche, à savoir 400 tonnes de thon rouge vivant, aux Turcs. Cette transaction et ce tonnage précis auraient été dévoilés aux enquêteurs lors de l'interrogatoire en cours. Des sources proches de la capitainerie du port autonome d'Annaba affirment que le propriétaire des trois navires, domicilié à Istanbul, aurait été convoqué en urgence à Annaba. Les autorités algériennes auraient même exigé de cet armateur qu'il se présente avec le thonier, contre lequel pèse la charge de délit de fuite ; faute de quoi, ses deux navires remorqueurs, actuellement immobilisés, l'un à quai au niveau du port de Annaba et le second en rade de ce même port, seraient officiellement saisis. À titre indicatif, le thonier l'Aquadam en fuite est doté comme les deux remorqueurs qui l'accompagnaient d'équipements très sophistiqués pour la pêche et le transfert du thon rouge vivant vers le thonier d'élevage. Les deux bateaux d'assistance ont été réquisitionnés. L'un dénommé Akua Dem 2 est accosté depuis le début de la semaine au port de Annaba. Le second est en rade à quelques miles au large de Annaba. Ces remorqueurs sont équipés, entre autres, de cages et de nasses de pêche de 50 mètres de diamètre et de 30 mètres de profondeur et sont en mesure d'assurer l'élevage en haute mer d'une cargaison de thon rouge en recourant à l'engraissement avant son écoulement au marché asiatique. À rappeler également enfin que la présence de ces navires avait été signalée aux garde-côtes d'Annaba à partir d'Alger. Selon certaines indiscrétions, ce serait les pêcheurs japonais, concessionnaires légaux des lieux pour ce qui est de la pêche du thon, qui auraient alerté les forces navales algériennes. Ces mêmes bateaux pirates turcs avaient été signalés dans un passé récent en train d'opérer au niveau de cette zone très poissonneuse, notamment en thon rouge, révèlent nos sources. Selon des sources proches du dossier, le thonier algérien, au même titre que la flottille turque, risquent des poursuites judiciaires pour contrebande et aussi évasion fiscale, entre autres. Selon des douaniers, “toute transaction commerciale en mer sans la présence des services concernés est considérée comme contrebande, donc réprimée par la loi algérienne”, précise-t-on de même source.