Les thoniers nationaux auront l'exclusivité de pêcher le thon rouge se trouvant dans les eaux sous juridiction algérienne. Le thon, c'est de l'argent. Le thon rouge algérien ne sera ni pêché par les étrangers ni exporté à l'étranger. Les exploitants étrangers sont exclus de participer à la campagne de pêche, et ce, à partir de cette année. La pêche de ce poisson est désormais réservée exclusivement aux thoniers algériens. C'est ce qu'a décidé le ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques. «A partir de cette année (2010), les exploitants étrangers n'ont pas le droit de participer à la campagne de pêche commerciale du thon rouge dans les eaux sous juridiction algérienne», a rapporté l'APS, citant une source du ministère compétent. Rappelons qu'auparavant l'Algérie accordait chaque année des licences de pêche des grands migrateurs halieutiques à durée déterminée, à savoir du 1er au 31 mai. C'est-à-dire la période où commence la campagne de pêche. La réaction des autorités algériennes est intervenue suite à la décision prise par la Commission internationale pour la conservation des Tonidés de l'Atlantique (Iccat). Cette dernière avait interdit l'attribution de la pêche de cette espèce aux pays tiers. La même commission a incité les pays à utiliser leurs propres moyens pour la pêche et surtout que chaque pays baisse son quota. Les thoniers algériens disposent-ils de moyens suffisants pour exploiter cette ressource? Pour le ministère, la réponse est affirmative. Le département de Smaïl Mimoune estime que les thoniers algériens sont bien équipés et peuvent à eux seuls mener une campagne de pêche, sans avoir besoin de l'aide des étrangers. La décision du ministère ne concerne pas seulement la campagne de pêche, mais aussi l'exportation de cette espèce. Le thon rouge algérien sera pêché en Algérie par les Algériens et destiné au marché algérien. Autrement dit, il y a de fortes chances qu'il ne soit plus commercialisé à l'étranger. La décision définitive concernant l'exportation du thon rouge dépendrait de la décision de la Convention sur le Commerce international des espèces sauvages menacées (Cites), qui s'est réunie le 13 mars et ce, jusqu'au 25 à Doha au Qatar. Cette mesure est prise après le scandale des 210 tonnes du thon rouge pêché illicitement à l'est du pays. L'été dernier, les gardes-côtes nationales ont intercepté, au large des côtes d'El Kala dans la wilaya d'El Tarf, trois navires turcs. L'un d'entre eux transportait 210 tonnes de thon rouge vivant. Après ouverture d'une enquête, huit personnes ont été arrêtées pour pêche illicite de cette espèce. Il s'agit de 6 armateurs turcs et un algérien. A cela s'ajoutent le secrétaire général du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques et le directeur central des pêches maritimes et océaniques (Dpmo). En outre, au mois de novembre 2009, le bateau de pêche Neptun6, immatriculé à Beni Saf, a été intercepté par les gardes-côtes de Béjaïa. il était en train de vendre illégalement des quantités de thon aux pêcheurs turcs dans les eaux territoriales algériennes.En appliquant la décision de l'Iccat, les autorités algériennes tentent, ainsi, de mettre fin à la présence des pêcheurs étrangers et surtout de lutter contre la pêche illicite de ce poisson. Le ministère de la Pêche souhaite écarter l'association des thoniers algériens aux étrangers afin d'éviter toute complicité entre les deux parties. Il sera plus sûr, ainsi, d'éviter toute action de pêche illicite en interdisant aux pêcheurs étrangers de pêcher le thon rouge dans les eaux sous juridiction algérienne.