On parle de pôles de compétitivité et de pôles d'excellence, autant de concepts qui devraient faire accréditer la thèse qu'enfin nous détenons les moyens de ce qui va être entrepris au titre de la nouvelle stratégie industrielle. Ces concepts donnent un contenu scientifique aux discours en la matière. Mais, et là il y a un mais, nous paraissons comme étant tout le temps en train d'étudier ou d'en expliquer le bien-fondé, alors qu'il est attendu le début de sa mise en œuvre. On sacrifie trop aux hésitations, à une réflexion qui ne finit jamais Vraiment pour une fois, des concepts nouveaux et pas de slogans sont introduits en économie pour fixer les grands axes de la politique, ou plutôt de la nouvelle stratégie industrielle. Serait-il possible qu'on puisse faire l'économie d'une politique industrielle alors qu'il est souvent question de développement ? Dans les pays industrialisés qui mettent en œuvre une nouvelle politique industrielle, pour se mettre au diapason de ce qui devait s'annoncer comme une dynamique de la croissance mondiale, il s'agit de rapprocher industriels, chercheurs et universitaires. Il est entendu que dans ces pays, les industriels existent, les chercheurs et les universitaires également pour ce qui concerne les moyens mis à leur disposition pour mener à bien de telles missions. Dans ces pays, les grandes entreprises existent dans tous les domaines, et il est en plus admis, car démontré, que la croissance est liée en grande partie à l'innovation tandis que celle-ci est liée à une politique de recherche et de développement efficace. La compétitivité est donc elle-même liée à l'excellence laquelle dépend, bien sûr, de la qualité de la formation.D'autres précisions devraient être formulées. Pôle de compétitivité devrait avoir une envergure mondiale ? Régionale ? Nationale ? Simplement locale ? Il est vrai que si on réalise une certaine intégration économique au sein d'une entreprise ou d'un groupe d'entreprises en mesure de produire en substitution aux importations, cela sera sûrement un grand succès. Il est alors grand temps que la mise en œuvre commence. Il n'est pas question seulement de s'échauffer mais de descendre sur le terrain. Par quoi commencer ? D'abord, quelle politique de formation ? Quelle politique de recherche et développement ? Comment organiser le pôle de compétitivité, autour de quoi et qu'y a-t-il pour le moment sur le terrain ? Quelle échéance fixer pour faire de notre pays un pays émergent ? Il est évident que des entreprises de grande taille et qui soient algériennes et capables de tracter à elles seules l'économie pour la mener vers le développement n'existent pas encore dans notre pays. Le plus grand nombre d'entre celles qui existent ne sont nullement susceptibles de contribuer à développer le pays, car elles activent dans le commerce, plus particulièrement les importations et la distribution. Faudrait-il alors, rien que pour cela, revoir à la baisse nos prétentions sachant que les IDE ne se bousculeront pas s'il s'agit de leur fixer pour mission de développer le pays, car on sait que ceux-là sont attirés par le profit et dans les plus brefs délais ? Il ne peut certainement pas être fixé à la nouvelle stratégie la mission de rattraper les pays développés, car cela est impossible, ces derniers n'acceptant pas de marquer une pause dans leur développement jusqu'à ce qu'on les rattrape. Ou alors, il faudrait aller plus vite qu'eux, ce qui est encore là impossible. Il va de soi que c'est l'Etat qui devrait inciter à la création d'entreprises capables de s'intégrer dans cette nouvelle stratégie, mais serait-il possible de créer de telles entreprises quand on sait que celles qui existent dans le secteur privé sont des entreprises familiales ? N.B