La mutualisation de l'épargne individuelle au service du financement de l'investissement représente une avancée majeure pour le marché financier algérien. Or, la création d'établissements susceptibles de colleter cette épargne est confrontée au manque de compétences habilitées à saisir toute la portée d'une telle action. C'est dans ce sens, qu'une session de formation a débuté, samedi à Alger, au profit de la première promotion de cadres chargés des opérations de souscription auprès du Fonds de soutien à l'investissement pour l'emploi, sous la supervision d'experts canadiens. Cette session, dont les travaux se poursuivront deux jours durant, verra la participation d'une trentaine de cadres syndicaux des différentes entreprises économiques de la wilaya de Relizane "qui constituent la première promotion de chargés des opérations de souscription auprès du fonds de soutien à l'investissement pour l'emploi". Il faut savoir que le fonds de soutien à l'investissement pour l'emploi a été créé dans le cadre de la loi de finances de l'année 2005. C'est une institution financière à caractère socio-économique, créée en concertation avec les autorités publiques et les partenaires sociaux. Le FSIE, tel que stipulé dans ses textes fondateurs, a pour mission de collecter la petite épargne par voie de souscription individuelle et volontaire ouverte à tous les citoyens et particulièrement aux travailleurs. Cette épargne est ensuite canalisée pour financer les PME et pour faire l'objet de placements sécurisés en valeurs mobilières. Le principe d'action de cette institution repose sur la collecte des épargnes individuelles des travailleurs, avec un montant minimum de souscription de 200 DA/mois, à condition d'accorder au souscripteur un taux d'intérêt de 10% par action acquise. Cette épargne est investie sous forme de capital à risque, dans le cadre du soutien à l'emploi, au niveau des petites et moyennes entreprises (PME), désirant acquérir des sources de financement en dehors des banques. L'année 2010 a été fixée pour le lancement de la première opération d'investissement institutionnel. De la sorte, le fonds contribuera par ses activités à la création et à la préservation de l'emploi et au renforcement du réseau des PME en Algérie. Le fonds a également pour mission de dispenser une formation économique et financière aux travailleurs des entreprises dans lesquelles il investit. Défini comme une société à capital variable, le FSIE se distingue, cependant, des autres véhicules d'investissements par des spécificités qui donnent à son action un caractère novateur. Il s'agit là, en fait, du premier fonds d'investissement algérien faisant appel à l'actionnariat populaire aisément accessible aux petites et moyennes entreprises.Dans la phase actuelle des grandes mutations de l'économie nationale, le FSIE va constituer un outil supplémentaire d'accompagnement dans le processus de privatisation où il jouera alors un rôle, non seulement de partenariat de l'entreprise mais aussi de mandataire choisi par les travailleurs pour prendre en charge leurs intérêts financiers. Les initiateurs du FSIE, en l'adaptant aux données économiques, sociales et financières de l'Algérie, se sont inspirés de l'exemple réussi de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) qui, en créant un fonds similaire dans les années 80, en a fait, 20 ans après, un leader reconnu dans le monde des affaires au Canada. D'où l'apport des Canadiens à la formation des cadres algériens devant contribuer à la mise en œuvre du plan d'action du FSIE. C'est ainsi que cette initiative pour la formation doit être généralisée, à l'avenir. Elle vise à préparer ces cadres à devenir "de véritables représentants du fonds au niveau des différentes entreprises et pôles industriels", en assumant différentes missions dont la principale consiste à sensibiliser les travailleurs de l'importance des opérations de souscription, qui les transforment en actionnaires au sein du fonds, a précisé le directeur général de cette institution, Mohamed Tissa. Ces cadres seront chargés de "refléter la véritable image du fonds qui constitue, en lui-même, une innovation", étant une source de financement des entreprises qui ne se base pas seulement sur les fonds publics mais compte également sur la capacité d'épargne des citoyens et à leur tête les travailleurs. "Plusieurs de ces entreprises et pôles industriels nationaux avaient exprimé leur intérêt à ce type d'opération d'investissement" devant englober de grands secteurs tels que les hydrocarbures, l'énergie, les transports et les institutions financières, outre d'autres structures "qui constitueraient une réserve de souscription permanente et considérable", a-t-il indiqué. Isma B.